Il a fallu que Nicolas Sarkozy se livre à un extraordinaire travail de conquête pour s'imposer comme le leader naturel de la droite. Voilà donc Nicolas Sarkozy président de la république. Le rêve d'une vie, l'aboutissement d'une carrière. Une victoire qui ressemble à un plébiscite. Et même si l'ensemble des instituts de sondage la prévoyait de façon unanime, elle conserve un halo de surprise comme si jusqu'au bout de cette course haletante vers la quête du Graal élyséen, l'histoire pouvait se rebeller et démentir les pronostics les plus établies et les prévisions les plus tranchées. Et dès l'annonce de cette victoire, Nicolas Sarkozy inscrivait l'ensemble de sa communication politique sur un seul registre : rassurer. Rassurer d'abord de larges franges de la société française qu'inquiètent son agressivité naturelle, son tempérament de feu, qu'en tant que ministre de l'Intérieur à poigne et au langage fleuri et direct, puis candidat tenace, chantre d'un libéralisme thatchérien, il a eu tout loisir de le montrer. Rassurer ensuite l'ensemble des alliés de la France qui craignent un retournement soudain des choix politiques de la diplomatie française qu'ils se trouvent sur la scène européenne, méditerranéenne ou africaine. Sur le papier et malgré la dictature des sondages, l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république ne découlait pas d'une évidence incontournable. L'homme, connu pour ses alliances instables et ses retournements prévisibles, suscitait au départ un fort rejet dans son propre camp. La droite traditionnelle avait des difficultés évidentes à lui accorder la crédibilité indispensable à la posture de candidat. Il a fallu que Nicolas Sarkozy se livre à un extraordinaire travail de conquête interne de ses propres troupes pour s'imposer comme le leader naturel de la droite et ce combat violent, sans merci eut un prix : quelques célèbres cadavres politiques à enterrer, à commencer par le fils gâté de la chiraquie résistante , Alain Juppé plombé, par la machine judicaire, en passant par Dominique De Villepin, l'héritier naturel, abattu en plein vol par la crise du CPE, sans parler du maître des lieux lui même Jacques Chirac, empêché par l'âge, la maladie et l'usure de mener la bataille du troisième mandat. Nicolas Sarkozy avait déjà gagné l'estime et la faveur des Français au terme de ce combat qui nécessitait, outre un savoir-faire manœuvrier d'une grande détermination, une capacité à encaisser les coups que seuls possèdent les grands tempéraments aux destins historiques. Sortir vivant des griffes de Jacques Chirac avide de rempiler pour un autre mandat, équivalait à parcourir la moitié du chemin pour prendre possession du Palais de l'Elysée. L'autre raison qui a rendu Nicolas Sarkozy attractif à une large majorité des Français se trouve avoir un lien direct avec le sentiment de peur et de panique généralisée qui traverse la société française qui subit de plein fouet, comme toutes les sociétés ouvertes, un contexte d'insécurité internationale. Alors que sa concurrente socialiste Ségolène Royal basait son argumentaire de séduction électorale sur le développement social, la sauvegarde des services publiques et la saine pratique démocratique, Nicolas Sarkozy a choisi d'interpréter la seule musique que la vox populi avait envie d'entendre, celle qui la rassure sur son identité et sa sécurité. La mainmise qu'avait pratiquée Nicolas Sarkozy sur l'héritage et le fonds de commerce de l'extrême droite faisait partie de cette stratégie qui avait comme objectif de s'offrir une tribune adéquate sur laquelle il peut, sans risque d'effrayer le chaland, exercer un virilité politique indispensable à la pratique de ce fameux discours sécuritaire. En devenant le champion de la sécurité que lui confèrent ses longues années au poste de premier flic de France et ses positions tranchées, devant une challenger inexpérimentée en la matière, Nicolas Sarkozy avait déjà plié le terrain des «convictions». Nicolas Sarkozy,premier homme politique, depuis longtemps, à avoir réussi à reconduire une majorité au pouvoir, devra composer en ce début de mandat avec le troisième tour de cette présidentielle que constituent les législatives de juin prochain. La recherche d'une majorité qui donne de la cohérence à l'action gouvernementale est l'impératif absolu du nouveau maître de l'Elysée. Le convulsions du centre et les remises en question de la gauche vont largement compliquer ce dessein.