Réagissant à la grève qui paralyse actuellement le secteur des transports, le ministre Karim Ghellab a affirmé que ce débrayage n'était pas justifié, d'autant moins que le Code de la route est à l'étude à la Chambre des conseillers. Les professionnels des transports engagent une nouvelle partie de bras de fer avec le ministre Karim Ghellab. Depuis lundi, le mouvement est paralysé par une grève «ouverte». Motif ? «Aucune raison objective ne justifie le mouvement de grève dans le secteur des transports», a réagi le ministère de l'Equipement et du Transport. Dans un communiqué diffusé mardi soir, le ministère a indiqué que le projet du Code de la route, à l'origine de cette escalade, était «encore à l'étude à la Chambre des conseillers». Ce projet controversé, soumis au Parlement pendant plus de deux ans, avant son amendement et son adoption le 19 janvier 2009 par la Chambre des représentants, a de nouveau atterri au Parlement. A la différence près qu'il a été présenté sous une version «amendée». Le ministère précise que «la version actuellement à l'étude comprend tous les amendements que le ministère s'est engagé à introduire au terme du long processus de dialogue qui a duré de mars à juin 2007 et concerné 62 organisations syndicales et professionnelles représentant les secteurs du transport public routier de voyageurs, du transport de marchandises, les taxis de première et deuxième catégorie ainsi que les auto-écoles et les centres des visites techniques». Or voilà, c'est cet «engagement» pris par le ministère du Transport qui n'aurait pas été respecté, contestent les professionnels du secteur. Dans une déclaration à la presse, le secrétaire général de la Fédération nationale démocratique des conducteurs de poids lourds, Mohamed Metali, a affirmé que «la demande d'annulation des peines privatives de liberté formulée par les professionnels du secteur n'avait pas été respectée». Dans un récent entretien à ALM, le ministre Ghellab a affirmé qu'«il n'y avait pas eu suppression de toutes les peines privatives de liberté», précisant qu' «il n'y avait eu que 14 suppressions». «C'est dans un souci d'homogénéité avec les dispositions du Code pénal que les modifications ont été introduites. Auparavant, le projet du Code de la route prévoyait 4 ans d'emprisonnement à l'encontre du responsable d'un accident se traduisant par une incapacité, autrement dit un accident de la route ayant provoqué un handicap de la victime. Le texte adopté (NDLR : le 19 janvier 2009), à l'unanimité des membres de la Chambre des représentants, ne prévoit que 2 ans de prison», a certifié le ministre Ghellab. Alors, qu'est-ce qui justifie la nouvelle escalade ? «Les élections s'annonçant, il s'agit par cette grève d'orchestrer une manœuvre qui n'a rien à voir avec les revendications syndicales. Il est plutôt question d'un stratagème politicien de nature pré-électorale», a martelé Mohamed Ansari, président de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme à la Chambre des conseillers. Au-delà des arguments ou contre-arguments que peuvent avancer les uns et les autres, ce sont les usagers des transports qui payent les pots cassés. Leur calvaire n'est pas près de prendre fin, d'autant moins que les grévistes menacent de faire perdurer le débrayage aussi longtemps que leurs revendications ne sont pas satisfaites.