Les grandes privatisations vont devenir plus rares. Celles qui restent concernent des affaires problématiques. L'introduction en Bourse de la BCP apporte un nouvel éclairage à la nouvelle approche. Après les bijoux de la couronne, le processus de privatisation s'attaque aux « canards boiteux ». L'Etat vient en effet d'élargir la liste des entreprises privatisables à huit sociétés. La société nationale de commercialisation de semences (SONACOS), la société commerciale de charbon et bois (SOCOCHARBO), la société chérifienne des sels (SCS), la société des sels de Mohammédia (SSM), la société de briqueterie, Tuilerie Nord Africain (BTNA), ainsi que des sociétés Drapor, société de dragage des ports, la société marocaine du thé et du sucre (SOMATHES) et la société de productions biologiques pharmaceutiques et vétérinaires (BIOPHARMA) essaieront de trouver repreneurs. La tache n'est pas facile. Avant leur transfert au secteur privé, ces dernières devront subir l'examen de l'évaluation et de l'audit. Le ministère des Finances et de la Privatisation vient de lancer, lundi 28 juillet, un appel d'offres pour la désignation de l'organisme auditeur. Le nom de celui-ci sera connu le 25 septembre prochain, date d'ouverture des plis des soumissionnaires. L'organisme auditeur sera tenu notamment d'apprécier l'équilibre financier de l'entreprise mise en vente, déterminer ses performances et aussi évaluer les incidences du passage de la société du secteur public au secteur privé sur la situation financière, technique et commerciale. De l'aveu même de Mohamed Boussaid, Directeur de la Direction des Entreprises Publiques et de la Privatisation (DEPP), les "grandes" privatisations, après les opérations de la Régie des Tabacs, Maroc Telecom et la Banque Centrale Populaire vont devenir plus rares. « On devrait s'orienter vers des privatisations d'entités gérant des services publics en monopole ou en quasi-monopole, nécessitant au préalable la définition des politiques sectorielles de libéralisation », avait-il précisé. La première liste des privatisables est presque épuisée. Celles qui restent concernent des affaires problématiques. « D'autres actions doivent être menées en parallèle pour optimiser le portefeuille public comme les liquidations des entreprises qui ne peuvent êtres privatisées», estime le responsable. Une organisation par dossier se substituera à l'organisation administrative. L'objectif visé est la maîtrise du processus de privatisation aussi bien en amont. Une vision intégrée de la gestion du portefeuille public depuis l'identification des entités à privatiser jusqu'à leur transfert en passant par l'étape de restructuration le cas échéant est déclinée. La privatisation, après avoir franchi des étapes très importantes, devient un instrument de gestion et de rationalisation du portefeuille public. Sur le plan opérationnel, les opérations ont été initiées à partir de 1993 et ont touché 63 entités publiques dont 37 sociétés et 26 hôtels (91 opérations). Ces cessions ont généré plus de 40 milliards de DH de recettes ainsi que des engagements d'investissement de l'ordre de 7,29 milliards de DH. Dans la loi de Finances pour la même année, le gouvernement a inscrit le nom des huit entreprises objet de l'appel d'offres. Toutefois, le nom de la Banque Centrale Populaire est occulté.