Ancien soutien de Dominique Strauss-Kahn, Gérard Collomb est devenu un des plus précieux soutiens de Ségolène Royal aussi bien lors de son aventure présidentielle que lors de sa conquête ratée de la direction du PS. Alors que Martine Aubry s'attendait à ce que son leadership soit durement contesté par son adversaire Ségolène Royal à qui elle venait de chiper, d'un contestable cheveu, le premier secrétariat du PS et qu'elle se préparait à un impitoyable combat de femmes, la voilà qui se trouve à gérer un des plus tenaces mouvements de rébellion contre sa stratégie menée par le baron local, Gérard Collomb, sénateur maire de Lyon. Il vient de sortir de son anonymat par la publication d'une pétition appelant presque à la désobéissance civile dans les rangs des socialistes. Objet de l'inconsolable ire de Gérard Collomb : les listes des candidats aux élections européennes imposées aux régions par la rue de Solferino. Les signataires de cette pétitions de plus en plus nombreux, dénoncent «une absence de concertation réelle avec les territoires , leurs élus, leurs responsables», «un effarant mépris de toute considération européenne», «un choix des candidats sans analyse du bilan réel, du poids politique et de l'investissement européen des députés sortants», «un mépris total de l'implantation locale des candidats» et «une rénovation renvoyée aux oubliettes». Inconnu jusqu'à présent sur le plan national, Gérard Collomb était avant tout un nom qu'on mettait sur une motion. Il fait partie de ces élus du terroir bien enracinés dans leur région avec lesquels les appareils parisiens doivent compter pour s'assurer une profondeur sociale géographique vitale. La dégaine d'un huissier de justice avec le regard perçant d'intelligence en plus, la coupe de cheveux, façon Alain Juppé des grands jours, Gérard Collomb est en train de combler son déficit de notoriété sur le plan national en devenant la coqueluche de certaines émissions parisiennes alors que son pédigrée le destinait avant à l'édition locale de France 3 Lyon. Ancien soutien de Dominique Strauss-Kahn, Gérard Collomb est devenu un des plus précieux soutiens de Ségolène Royal aussi bien lors de son aventure présidentielle que lors de sa conquête ratée de la direction du PS. Et Gérard Collomb de faire ce constat qui promet de violentes déchirures au sien d'un parti politique qui n'a pas encore terminé sa convalescence : «De tels arrangements pour la constitution des listes affaiblissent notre combat pour l'Europe, affaiblissent la gauche face à la droite, nous discréditent au sein de l'opinion publique» Avec cet appel solennel aux militants socialistes qui doivent valider ces listes le 12 mars à prendre positon «par un vote contre le refus de participer à ce qui n'est qu'une parodie de démocratie», Gérard Collomb qui a pour adjointe à la mairie de Lyon la socialiste d'origine marocaine Najat Belkacem, conteste ouvertement les parachutages de certains candidats dans certaines régions où il ne dispose d'aucun ancrage local. L'exemple qu'il cite le plus pour illustrer sa croisade contre les choix de l'actuelle direction du PS est celui de Vincent Peillon catapulté depuis Paris vers la région du Sud-Est sur les terres de Gérard Collomb qui lui avait un autre candidat, Thierry Phillip, pour cette mission. Vincent Peillon avait donné un écho à sa frustration lorsqu'il avait lancé ce râle: «c'est un crève-cœur pour moi (...) Ce n'était pas le choix que j'ai fait, c'est un choix qui résulte des résultats du congrès (…) c'est contre mon plein gré». Gérard Collomb s'est donc saisi de ce cas pour illustrer les errances et les choix d'une direction qui, selon lui, garantissent un échec retentissant du PS lors de ces européennes. Il menace d'allumer le feu de la désobéissance dans les fédérations et éventuellement de faire campagne contre ces parachutés. Sa démarche fut accueillie par une salve de critiques. Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections est sans appel : «Qu'un notable régional fasse campagne contre le parti parce qu'on n'a pas accédé à sa demande, ça ne passe pas». Arnaud Montebourg, chargé de la rénovation au PS qualifie les auteurs de cette pétition «d'esprits médiocres, malveillants (…) Je suis atterré (…) Je trouve cela misérable et pour le moins pathétique».