Pays de vingt-sept millions d'habitants, la Malaisie (qui préside actuellement l'Organisation de la Conférence Islamique) est composée de populations diverses: Malais, Chinois, Indiens, et quelques autres groupes moins importants. Si les musulmans constituent 60% de cette nation, il y a, à leurs côtés, plusieurs millions de taoistes, de bouddhistes et d'hindous, et presque un million de chrétiens. Depuis quelques années, dans ce pays comme dans beaucoup d'autres du monde musulman, les «ultras» de la religion exercent des pressions chaque jour un peu plus fortes sur le pouvoir et sur la société. L'actuel Premier ministre, Abdullah Badawi, ardent défenseur de «l'identité malaise» contre les Chinois (26% de la population) et contre les Indiens (9 %), est ainsi plutôt enclin à écouter les sirènes islamistes. Or l'islamisation croissante de la Malaisie met de plus en plus en péril la paix sociale. Les libertés religieuses et de penser sont de plus en plus restreintes, et les discriminations à l'égard des non-musulmans se multiplient. Le comble de l'imbécilité (une imbécilité criminelle) a été atteint ces derniers mois avec l'interdiction prise par le gouvernement malaisien d'interdire par décret aux chrétiens d'imprimer le nom «Allah» dans les publications chrétiennes, au motif que cela pouvait créer la confusion! L'interdiction vise particulièrement l'important l'hebdomadaire «The Herald». Ainsi le nom de Dieu n'appartiendrait qu'aux musulmans! Cela va à l'encontre de l'histoire, comme à l'encontre même du message coranique qui se veut «appel» pour toute l'humanité. Le nom «Allah» était employé avant l'avènement de l'Islam, en particulier chez les chrétiens arabes. On le trouve dans une inscription chrétienne du VI ème siècle de l'ère commune, retrouvée à Umm al-Jimal (nord de la Jordanie). Dans la poésie pré-islamique, le nom d'Allah était aussi utilisé. Les arabes nommaient le soleil ilâha. Et la tradition musulmane elle-même affirme que le père du Prophète Mohammed se nommait Abdûllah, «serviteur d'Allah»! Le nom «Allah», une contraction de l'arabe al-ilâh (le Dieu) remonte sans doute à un terme commun aux langues sémitiques, désignant «la divinité»: «Il» ou «El». Il est proche aussi du mot qui désigne Dieu (Alâhâ) en araméen, mot utilisé à l'époque par les juifs et les chrétiens. Selon les lexicographes, le nom de Dieu pourrait aussi provenir de l'article «al» associé à la racine «lâha», laquelle signifierait «être voilé». Mais quelle que soit l'histoire de ce Nom, à travers lui Dieu a toujours été compris dans l'Islam, jusqu'ici, comme le «Très-Haut», l'Unique qui veut se faire connaître à tous les hommes. En voulant interdire aux chrétiens de nommer eux aussi Dieu comme cela, les autorités malaises font preuve d'une étrange interprétation du Coran et de la Sunna, ce qu'on pourrait appeler une «innovation» blâmable. Cette folie, au demeurant, n'est pas propre à certains musulmans: en Europe, des intellectuels chrétiens proclament aussi que «le Dieu des chrétiens» et «celui des musulmans» n'ont rien à voir. Les jardiniers de l'enfer sont présents partout.