Siham Habchi, présidente de «Ni Putes Ni Soumises» (NPNS), pense que le refus du ministère de l'Intérieur est une réaction à des pressions émanant d'associations féministes marocaines et de mouvements islamistes. ALM : «Ni Putes Ni Soumises» ne sera pas finalement autorisée à s'implanter au Maroc. Comment réagissez-vous au communiqué du ministère de l'Intérieur qui annonce son refus à l'installation de NPNS dans le Royaume ? Siham Habchi : Je suis surprise. Je n'ai pas formulé de demande pour qu'on la refuse ! Jusqu'à maintenant, en tant que présidente de «Ni Putes Ni Soumises», je n'ai reçu aucun document de la part des autorités marocaines où l'on me dit que je suis persona non grata sur le territoire marocain. Ce communiqué du ministère de l'Intérieur est une fin de non-recevoir pour une demande de création d'un bureau ou d'une antenne locale que je n'ai pas encore déposée.
A NPNS, comment expliquez-vous donc cette réaction du ministère de l'Intérieur ? Vous savez, nous avons toujours eu des problèmes avec des associations féministes qui sont archaïques. Certaines d'entre elles ne veulent pas renoncer aux privilèges qu'ils ont noués au fil du temps avec les autorités. Ces problèmes-là, nous les avons rencontrés même en France lors de l'annonce de la création de «Ni Putes Ni Soumises». Au départ, on s'attendait à un appui et un mouvement de solidarité de la part des féministes. Mais, nous nous sommes vite aperçues que ce sont ces associations-là qui nous ne soutenaient pas. Je pense donc que derrière cette décision du ministère de l'Intérieur, il y a des associations féministes pétries dans leur archaïsme et trop occupées dans la gestion de leurs propres privilèges.
Et les islamistes ? Je pense qu'il y a un peu de tout ! Féministes, islamistes…Certains se sont permis, bien avant la création effective de l'association au Maroc, d'ajouter à la polémique. D'autres disent que nous voulons importer au Maroc des problèmes qui sont nés en France. Ils ont certes oublié que, à «Ni Putes Ni Soumises», nous sommes toutes des binationaux ! Certains pensent que «Ni Putes Ni Soumises» n'a pas de place ici parce que Shéhérazade n'a pas été brûlée au Maroc ? C'est honteux ! C'est abject ! Cela révèle tout simplement que nous n'avons pas le même objectif, que nous n'utilisons pas les mêmes moyens…Notre différence réside dans le fait que nous, nous avançons dans la réalité ! Aujourd'hui, le Maroc a réussi à faire de la question de la femme une question fondamentale pour faire avancer la société d'où l'intérêt de «Ni Putes Ni Soumises» pour s'y implanter. Il y a donc une dynamique que notre association veut soutenir. Après ce refus de la part du ministère de l'Intérieur, allez-vous maintenir votre programme ? Nous allons être présentes lors de la 12ème édition du raid «4L Trophy», du 19 février au 1er mars. À Marrakech, ce week-end, nous allons saisir l'occasion de parler du cas de Shéhérazade qui a été brûlée vive. Avec Shéhérazade, qui est une franco-marocaine, nous allons prendre la parole et exprimer nos opinions.