Une étude sur «Les connaissances, attitudes et pratiques» (CAP) des travailleuses du sexe a été réalisée par la direction d'épidémiologie et de lutte contre les maladies. Pour la plupart des professionnelles du sexe, le passage à la profession s'est fait suite à l'échec du mariage. Elles sont chaque année de plus en plus nombreuses à s'adonner à la prostitution. Pauvreté, divorce, viol, rapport sexuel précoce expliquent en grande partie la montée de ce phénomène social. De par leurs métiers, les travailleuses du sexe risquent chaque jour leur vie. Elles constituent une population très exposée au risque d'infection du VIH. Cela dit, ces professionnelles du sexe sont peu sensibilisées aux infections sexuellement transmissibles. Après l'étude réalisée en 2008 par l'Organisation panafricaine de lutte contre le sida (OPALS-Maroc) et qui avait ciblé 500 travailleuses du sexe, c'est au tour du ministère de la Santé de prendre la relève. Une étude sur «Les connaissances, attitudes et pratiques» (CAP) des travailleuses du sexe a été réalisée par la direction d'épidémiologie et de lutte contre les maladies. Cette enquête qui se présente sous forme d'un rapport de 300 pages est en cours de finalisation. Celle-ci a ciblé 786 professionnelles du sexe issues de plusieurs régions à savoir Tanger-Tétouan, Agadir et région, Oulad Taima, Meknès-El Hajeb, Khénifra et région,Grand Casablanca, El Jadida, Marrakech-Essaouira. Cette étude révèle la précocité des rapports sexuels. Les 2/3 des femmes consultées ont eu un premier rapport sexuel entre 13 et 18 ans. Pour la plupart des professionnelles du sexe, le passage à la profession ne s'est pas fait du célibat à la prostitution mais de l'échec du mariage à la prostitution. Il est important de souligner que les travailleuses du sexe qui se sont mariées précocement sont celles qui sont les plus nombreuses à avoir commencé à se prostituer à un âge précoce. Les 2/3 de ces femmes avaient déjà été mariées. Elles sont pour la plupart jeunes. En effet, 68,4% des travailleuses du sexe sont âgées entre 18 et 34 ans. S'agissant de l'utilisation du préservatif qui figure parmi les problématiques les plus soulevées dans le domaine de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le sida, l'étude souligne qu'elles sont 420 à l'utiliser à chaque fois, soit 53,4% de l'échantillon. Par contre, 62 travailleuses du sexe ne l'utilisent jamais et 172 ont reconnu l'utiliser quelquefois. Pour ce qui est de la fréquence de l'utilisation du préservatif lors du rapport anal, la situation est très grave dans la mesure où 50% des professionnelles du sexe ne l'utilisent jamais. Elles ne sont que 26,1% à l'utiliser chaque fois. Le plus choquant est la conduite des travailleuses du sexe en cas d'indisponibilité du préservatif. Elles l'évitent dans deux cas précis: lorsqu'il comporte le risque de faire fuir le client et quand ce dernier lui propose un payement supplémentaire. A ce sujet, l'étude souligne que 36,6% des femmes acceptent d'avoir un rapport sexuel avec un client même sans préservatif et 46,3% sont consentantes à condition de recevoir une somme d'argent plus importante. Et pourtant, la majorité de ces femmes, soit 88,6% de l'échantillon, connaissent le sida. Au sujet de la connaissance d'IST, 85,1% n'ont aucune idée sur l'Hépatite virale et 51,4% ne connaissent pas le Syphilis. A la question de savoir si l'utilisation correcte du préservatif est un moyen efficace pour empêcher le sida, 73,6% ont répondu favorablement. Mais un grand nombre de ces femmes ignorent encore les modes de transmission du VIH. Et pour preuve, 216 travailleuses du sexe pensent qu'elles peuvent être infectées par le VIH en partageant un repas avec une personne contaminée. Cela dit, 93,6% d'entre elles sont conscientes de la contamination par le VIH en partageant une aiguille hypodermique déjà utilisée par une autre personne.
Attitude des travailleuses du sexe en cas d'IST L'étude indique qu'en cas d'infection sexuellement transmissible (IST), seulement 32,6% des travailleuses du sexe se rendent dans un centre de santé ou un hôpital public contre 28,9% dans le privé. Par contre, 17,1% de ces femmes préfèrent demander conseils au sein des associations. Elles ne sont que 18% à décider d'arrêter toute activité sexuelle jusqu'à disparition des symptômes. Autres éléments importants à signaler. 10,2% des travailleuses du sexe se rendent chez les guérisseurs traditionnels et 6,5% utilisent des médicaments déjà utilisés par l'une de ses amies.