Une étude réalisée auprès de 18.109 jeunes marocains fait ressortir des statistiques assez révélatrices du comportement et de la nature même de cette catégorie qui représente 30% de la population marocaine. Les résultats d'une Consultation nationale des jeunes, qui s'est déroulée entre avril et juillet 2001, viennent d'être rendus publics. Initiée par la direction de la Jeunesse et de l'Enfance (relevant de l'ex-ministère de la Jeunesse et des Sports), l'étude vise deux objectifs principaux : mener une enquête auprès de cette catégorie de la population pour identifier ses caractéristiques, comprendre ses attitudes, saisir ses pratiques et comportement et élaborer des recommandations pour l'intégration des jeunes. Elle a concerné les jeunes marocains de 15 à 29 ans, des deux sexes, habitant autant le milieu urbain que rural, ayant des niveaux d'instruction différents et occupés dans différentes activités ou sans profession. Elle a couvert un échantillon de 18.109 jeunes, répartis en 17.619 ménages dont la population totale est de 105.699 individus. La Consultation a couvert 44 provinces et préfectures. Au vu des résultats, les mouvements migratoires de 40% des parents déracinent les jeunes de leur sous-culture maternelle pour les pour les confronter dans leur nouvel espace de résidence et à un brassage culturel et social souvent à l'origine d'une déstabilisation sociale et d'une inadaptation aux nouvelles normes de vie. La mobilisation spatiale des jeunes enquêtés s'explique principalement par le regroupement familial. Cependant, on note que 15% des jeunes se déplacent à la recherche d'un emploi. La mobilité des jeunes n'est plus seulement de type rural-urbain, mais se développe aussi vers une migration urbain-urbain. En prévision, un jeune sur quatre changera de région et un autre sur trois espère aller «tenter sa chance ailleurs», dans un autre pays. D'autre part, le Maroc compte encore 15,3% d'analphabètes parmi les jeunes âgés entre 15 et 29 ans. L'analphabétisme des jeunes se concentre surtout en milieu rural et il existe deux fois plus d'analphabètes parmi les jeunes filles que chez les jeunes hommes. Près d'un jeune sur deux quitte l'école avant de terminer le cycle secondaire. Il s'agit des individus ayant interrompu leur formation avant l'obtention du baccalauréat. Ils représentent 46,4% de la population enquêtée. L'échec scolaire, l'exclusion ou l'arrêt des études touche pratiquement à égalité le milieu urbain et le milieu rural. L'abandon des études concerne les deux sexes à la fois et les trois-quarts des exclus du système scolaire sont sans profession. 48% des jeunes enquêtés sont au chômage, 16,4% exercent une activité professionnelle et 35,4% poursuivent des études. A signaler que 1,2% des jeunes. Il ressort également que l'environnement socioculturel et de loisirs laisse entrevoir une faible couverture des jeunes par les Maisons de jeunes (27%) et les foyers féminins (31,5%). Il est constaté aussi une très faible présence dans l'environnement immédiat des jeunes des établissements de culture et de loisir d'élite qui couvrent moins d'un jeune sur cinq comme les bibliothèques et les salles de cinéma. Il en est de même des conservatoires, des complexes sportifs, des théâtres ou des universités qui ne couvrent même pas le dixième des jeunes enquêtés. Les taux de couverture de l'espace immédiat des jeunes par les institutions de culte, de formation et de loisirs varient selon le milieu de résidence et la région. Comme «habitudes de fréquentation » des équipements socioculturels et de loisirs, le café est en passe de devenir l'espace le plus fréquenté par les jeunes. Au vu des résultats de cette consultation, quatre grandes orientations se dessinent pour répondre aux besoins exprimés par les jeunes. Il s'agit de l'accès à l'emploi, à la qualification professionnelle, à l'autonomie et à l'épanouissement et enfin l'accès à la citoyenneté. Autant de questions auxquelles il est nécessaire et urgent de trouver des réponses. Après les tragiques événements de vendredi dernier, l'heure est plus que jamais d'accorder écoute et sollicitude à cette importante frange de la population, qui est l'avenir du pays.