Les perspectives de croissance au Maroc, même si elles se sont légèrement détériorées par rapport aux années précédentes, font bonne figure comparées à celles des économies du monde entier qui s'enlisent dans la récession. La Bourse de Casablanca, qui est la première Bourse du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest et deuxième en Afrique après celle de Johannesbourg, connaît une croissance continue depuis des années. Néanmoins, depuis quelques mois, alors que l'onde de choc du ralentissement économique se propage à l'échelle mondiale, la Bourse connaît des résultats inhabituellement moroses. Si le volume global des échanges sur la Bourse de Casablanca affiche un total relativement consistant tout au long de l'année 2008 le changement dans la composition des actionnaires fait état d'un climat plutôt stimulant. Une seule nouvelle société de Bourse a rejoint le tour de table des sociétés actionnaires de la Société de Bourse des valeurs de Casablanca l'année dernière, tandis que le nombre de sociétés côtées a connu une légère hausse. A l'issue de l'année 2008, la Bourse comptait 16 sociétés de Bourses et 77 valeurs, contre 15 sociétés de Bourse et 73 valeurs à la fin 2007, dont Integra Bourse, la seule société de Bourse à avoir rejoint la Bourse de Casablanca en 2008. Par ailleurs, la Bourse des valeurs de Casablanca a enregistré une légère baisse l'année dernière. La capitalisation boursière s'est élevée à 66,3 milliards de dollars en 2008, contre 76,02 milliards de dollars à la fin 2007. Cette tendance à la baisse s'est prolongée au cours des premières semaines de 2009. Le 8 janvier, l'indice MASI a plongé sous la barre des 10,000 points pour la première fois en plus d'un an, atteignant ainsi son plus bas niveau à 9,405 points. Néanmoins, les analystes attribuent ce repli à des facteurs psychologiques plutôt qu'à un signe de faiblesse de la place marocaine. Pour sûr, les conséquences les plus néfastes de la crise des subprimes n'ont pas touché le marché marocain, qui n'a pas connu l'évolution en dents de scie dont ont été victimes les Bourses du monde entier (...). Préalablement au ralentissement, l'année 2008 a été marquée par cinq entrées en Bourse et des émissions publiques dans plusieurs secteurs. C'est la société Delattre Levivier Maroc, spécialisée dans les travaux de construction, qui a ouvert le bal, suivie de Label Vie, Delta Holding, la Compagnie minière de Touissit et Alliances Développement Immobilier. Néanmoins, dans le sillage du ralentissement de l'activité, la sixième cotation, celle de Trarem Afrique, a été reportée, en attendant la reprise de l'activité boursière. Si le ralentissement de l'activité économique à l'échelle mondiale aura sans aucun doute des répercussions sur certains secteurs phares, à l'instar de l'immobilier touristique, le fléchissement de la Bourse des valeurs de Casablanca ne devrait pas être considéré comme une tendance irréversible, mais comme une simple correction. «La tendance à la baisse amorcée au troisième trimestre est une simple correction après cinq années consécutives de croissance», a déclaré à OBG Sophia Hakam, analyste de CFG Group. «A mesure que la crise financière se propage sur tous les marchés, beaucoup d'investisseurs sont devenus prudents, entraînant une continuation de la tendance à la baisse», a -t-elle ajouté. Étant donné la forte croissance que connaissent les marchés de capitaux du pays depuis quelques années (leur volume a triplé de 2004 à 2007) cette correction pourrait être des plus salutaires. Younes Benjelloun, administrateur associé de CFG Group, a déclaré à OBG que la contraction du marché pourrait notamment «être liée à une croissance de la demande étrangère». De même, la Bourse des valeurs est aujourd'hui plus représentative de l'économie du pays que par le passé, particulièrement en termes de composition sectorielle et de volume. Afin de stimuler les transactions boursières, le gouvernement a engagé une série de mesures visant à redynamiser les marchés. Le 4 décembre dernier, Salaheddine Mezouar, ministre de l'économie et des Finances, a dévoilé un certain nombre de propositions en vue de réguler les cours et d'encourager l'activité du marché. L'une d'entre elles consiste à autoriser, à titre dérogatoire, les sociétés cotées à acquérir leurs propres actions dans le cadre des programmes de rachat et ce, sans fixation d'un prix minimum d'achat, au cas où les cours de certaines valeurs de la cote passeraient au-dessous d'un certain seuil. Le ministre a également annoncé la possibilité pour les compagnies d'assurance de détenir jusqu'à 60% d'actions cotées en représentation de leurs provisions techniques, alors que le plafond était de 50% auparavant. La Banque centrale du Maroc prévoit que la croissance du PIB du pays sera comprise entre 5 et 5,5% cette année, et que le taux d'inflation passera de 3,9 à 2,9%, ce qui laisse présager que le Royaume devrait sortir relativement indemne de la crise financière mondiale. Dans tous les cas, les perspectives de croissance, même si elles se sont légèrement détériorées par rapport aux années précédentes, font bonne figure comparées à celles des économies du monde entier qui s'enlisent dans la récession. S'il s'avère que le fléchissement du marché boursier était une simple correction, le secteur des marchés de capitaux pourrait rebondir en 2009. • Oxford Business Group Le 22 janvier 2009