L'Indice du coût de la vie (ICV) des produits alimentaires connaîtrait une hausse de 6,8 % en 2008, tirant l'inflation annuelle à un taux de 3,9%. En une année, le panier de la ménagère marocaine a subi une forte pression des prix. Au Maroc où l'alimentation absorbe près de 41% du budget des ménages, chaque augmentation des prix de produits de grande consommation, quoique minime et dictée par une réalité économique internationale, suscite un débat au sein de la société. Certes, les prix suivent un rythme ascendant, mais le Maroc reste parmi les pays qui arrivent tout de même à maintenir un taux d'inflation à des niveaux inférieurs dans la région Mena. Les Égyptiens ont bouclé l'année 2008 avec une inflation en hausse de 20,2%, loin des Jordaniens avec 16,1 %, des Tunisiens avec 4,7 % et des Algériens avec 4,2 % (Voir graphique). Au Maroc, en une année, le panier de la ménagère a subi une forte pression des prix. Certains produits alimentaires de grande consommation ont vu leur prix presque doubler en quelques mois. En tête des produits les plus consommés par les Marocains et qui ont connu une forte hausse sur le marché, il y a la semoule, l'huile d'arachide et le couscous (Voir tableau). Les données des enquêtes du HCP montrent que l'Iindice du coût de la vie (ICV) des produits alimentaires connaîtrait une hausse de 6,8 % en 2008 tirant l'inflation annuelle à un taux de 3,9%, contre une moyenne annuelle de 2 % sur la période 2000 à 2006. L'alimentation figure en tête des postes budgétaires des ménages marocains, selon les données de la dernière enquête sur les niveaux de vie des ménages réalisée par le HCP en 2007. Les céréales, un des principaux produits touchés par la flambée des prix, représentent près de 18% des dépenses alimentaires des ménages. En effet, le prix du blé dur a connu une augmentation de 39,5 % pour les 11 mois de 2008 contre une hausse de 9,8 % en 2007. Pour le blé tendre, le prix a grimpé de 22,3% pour les 11 mois de 2008 contre 10,3 % en 2007. Sur la même tendance haussière, le prix de la farine a progressé de 21,8 % au cours de la même période contre 5,2 % en 2007, le beurre industriel de 25,4 % contre 16,5% en 2007, et l'huile de table de 41,4% contre 14,3 % en 2007 une année auparavant. Mais, selon les dernières statistiques, l'Indice du coût de la vie des produits alimentaires a amorcé une baisse depuis la fin du Ramadan qui a coïncidé avec le mois de septembre. Il a perdu près de 1% au cours des deux derniers mois. «Ce retournement permettra de préserver et de renforcer les acquis et les progrès des dernières années en matière de réduction de la pauvreté et d'amélioration de pouvoir d'achat. Dans ce cens, il est à rappeler que le taux de pauvreté avait baissé de 15,3% à 9% entre 2001 et 2007 et que le revenu disponible des ménages progresse annuellement de 2,3% en termes réels», avait souligné Ahmed Lahlimi Alami, haut commissaire au plan, à l'occasion de la journée africaine de la statistique, lundi 5 janvier 2008. «Cependant, cette baisse, prévue probablement pour quelques années, ne doit pas faire oublier que les hausses des prix du pétrole et des matières premières s'inscrivent de manière permanente dans l'économie internationale», a-t-il ajouté. En effet, pour les céréales, une production insuffisante au cours de la campagne 2007-2008 (25 M qt contre 92 M qt une année auparavant) a poussé le pays à recourir à une importation importante de 62 M qt (+78%/2006) avec un prix moyen plus cher de 49,8% par rapport à 2006. Pour les huiles alimentaires, le Maroc a importé des graines et fruits oléagineux d'un volume de 538.000 tonnes pour une valeur de 1,723 milliards dirhams, soit une progression de 31,8 %. Le volume des huiles végétales brutes importées a atteint 428.000 tonnes en baisse de 2,2 % pour une valeur de 2,929 milliards dirhams en hausse de 36,6 %. Le lait a enregistré un accroissement de 3,2%, suite au recours à l'importation en période de forte demande. La dernière augmentation du prix date du début de cet exercice quand la Centrale Laitière a relevé de 3% le prix du lait pasteurisé. L'impact mensuel de cette hausse est de 1,40 dirham par ménage. Au cours de l'année 2008, l'inflation en 2008 a été supérieure aux taux enregistrés au cours des 13 dernières années. «L'inflation aurait été bien supérieure sans les mesures prises par le gouvernement visant à protéger le pouvoir d'achat des citoyens, et notamment la subvention des produits pétroliers», rappelle un statisticien. L'IPC succèdera à l'IVC Concernant la réforme de l'Indice du coût de la vie (ICV), le HCP est en train de finaliser la mise en place d'un nouvel indice des prix appelé indice des prix à la consommation (IPC). L'IPC sera basé sur un panier de référence élargi tenant compte des dernières données sur la structure de consommation des ménages fournies par l'enquête du HCP sur les niveaux de vie de 2007. Cet indice se caractérise également par l'élargissement de la population couverte à l'ensemble des ménages urbains et de sa couverture géographique à 17 villes dans les 16 régions du Maroc.