Abdellah, un jeune mécanicien de 23 ans, a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour avoir violé, à Berkane, deux jeunes filles dont une mineure. La chambre criminelle près la Cour d'appel d'Oujda. Abdellah est au banc des accusés. A l'instar des autres mis en cause, il attend, ce matin du mois de janvier, l'entrée des magistrats à la salle d'audience. Ce mécanicien de vingt-trois ans n'avait jamais pensé être mis dans le collimateur de la justice. Il pensait faire ce qu'il voulait sans être châtié. “Mahkama“, lance l'agent quand les cinq juges, suivis du représentant du ministère public et du greffier font leur apparition dans la salle d'audience. L'assistance et les mis en cause se lèvent par respect à la cour. Le président lance un regard à gauche et à droite de la salle d'audience, attend que l'assistance se rassoie pour ouvrir le premier dossier. D'un report à l'autre il a ouvert un énième dossier. “Dossier n°…/03, Abdellah“, appelle le président de la cour. Il se lève de sa place, traîne ses pas vers le box des accusés, croise son regards avec celui des juges. Le président de la cour appelle par la suite deux jeunes filles qui occupaient deux sièges avec l'assistance. L'une d'elles est mineure, elle ne dépasse pas l'âge de quinze ans; elle est collégienne. Alors que l'autre est majeure, sans profession. Le président leur demande de quitter la salle d'audience en attendant qu'il les appelle. “Tu es accusé, selon les dispositions de l'article 486 du code pénal, de viol avec violence sur la personne d'une mineure de quinze ans “, rappelle le magistrat à Abdellah. Ce dernier lève ses yeux vers les magistrats et garde le mutisme pour quelques secondes avant d'être sollicité une deuxième fois de répondre aux accusations. “Je suis innocent Mr le président, elles étaient mes copines et elles m'ont accompagné chez moi de leur plein gré“, affirme-t-il à la cour. Et pourquoi ont-elles porté plainte contre lui enfin ? C'est la question à laquelle il n'a pas trouvé de réponse. Il en ignore les raisons exactes, explique-t-il à la cour. Il ne cesse de se disculper. Le président appelle la fille mineure. Elle rentre à la salle d'audience, accompagnée de sa mère. La loi l'oblige à être accompagné par l'un de ses parents ou ses tuteurs. Elle fond en larmes une fois que ses regards ont croisé ceux d'Abdellah. Le président de la cour tente de la calmer, lui expliquant qu'elle est devant la justice qui va châtier le coupable. La fille mineure commence à relater son histoire. C'était 18h passées d'un jour du mois de décembre 2003. Elle vient de sortir du collège à Berkane, quand elle est croisée par un automobiliste. C'est lui, dit-elle en désignant Abdellah du doigt. Il l'a sollicitée à l'accompagner. Seulement, elle a refusé. Aussitôt, il est descendu de sa voiture et l'a obligée à monter. Elle a obtempéré sous la menace d'un couteau, explique-t-elle à la cour. Il l'a conduite vers une maison. A l'intérieur d'une chambre, il l'a obligée de se dévêtir. Toujours sous la menace, il l'a violée et l'a contrainte à passer la nuit avec lui jusqu'au lendemain. En retournant chez elle, elle a déposé plainte. Pourquoi n'a-t-elle pas demandé secours au cours de leur chemin et à la maison? Elle a expliqué à la cour qu'elle était sous la menace d'un couteau. Le président a appelé l'autre fille, âgée de vingt-cinq ans. Cette dernière a précisé à la cour qu'elle venait de sortir de chez elle, quand elle a été obligée d'accompagner Abdellah à bord de sa voiture. Elle n'a pu demander secours parce qu'elle était sous la menace d'une arme blanche. L'ayant conduite vers un terrain vague, l'automobiliste l'a violée avant de l'abandonner. Prenant la parole, le représentant du ministère public a requis une peine maximale contre Abdellah parce qu'il porté atteinte à des familles en abusant de leur progéniture. Quant à la défense, elle a précisé que les plaintes des deux filles ne sont que le résultat d'un règlement de compte puisqu'elles rêvaient de se marier avec Abdellah, alors qu'elles n'étaient que ses amantes. Après les délibérations, Abdellah a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle.