Au Nord du pays, une héroïne trafiquée, fait des ravages à 30 dirhams la dose. Selon des médecins, on peut imputer à sa consommation des arrêts cardiaques de jeunes, apparemment en bonne santé. à Mohammédia, une petite fille de douze ans a perdu connaissance en classe. Les médecins ont pu la sauver, elle avait consommé une drogue qui circule actuellement. C'est un mélange entre le vieux «maâjoun» et des substances chimiques, appelé «chocolat». On en trouve aux portes des lycées, des collèges et même des écoles primaires. Ces faits sont souvent relatés par la presse, relayée par les parents. Nous ne sommes plus face à des cas isolés mais face à un phénomène : les dealers s'attaquent aux enfants, il n'y a plus d'âge pour entrer dans l'enfer de la drogue. Bien évidemment, la première des questions qui se pose concerne la répression et la nécessaire protection de l'environnement de l'école. S'il faut absolument renforcer cet aspect du travail sécuritaire, cela reste insuffisant. D'autant plus, qu'au Nord du pays, une héroïne trafiquée, fait des ravages à 30 dirhams la dose. Selon des médecins, on peut imputer à sa consommation des arrêts cardiaques de jeunes, apparemment en bonne santé. Cette nouvelle configuration du monde de la drogue, avec l'arrivée de nouveaux produits, largement plus nocifs que le cannabis, et l'extension de la consommation aux enfants, est inquiétante. Elle interpelle tout le monde, et pas simplement la police. L'école a un rôle d'autodéfense à jouer. Fatalement, la drogue finit par influer sur la marche des institutions scolaires. Certains enseignants, dans les quartiers populaires, crient leur désarroi. Des élèves sous l'emprise de la drogue les empêchent d'accomplir leur tâche. L'administration est souvent impuissante et les parents totalement démissionnaires. Le ministère de la Santé devrait être en première ligne. Les apprentis drogués d'aujourd'hui sont les grands malades de demain. Or, on ne l'entend pas sur ce sujet. Devant l'ampleur du phénomène, le silence radio des responsables est une attitude incompréhensible, pour rester poli. L'on sait que la prévention donne quelques résultats même si elle n'éradique pas le problème. C'est d'une campagne d'envergure, mobilisant la société civile, impliquant les parents, les enseignants que nous avons besoin. Il faut non seulement rappeler les dangers, mais aussi apprendre aux parents à reconnaître les signes avant-coureurs, pour qu'ils puissent réagir à temps. Il faut absolument mettre en place des structures multidisciplinaires dans les dispensaires pour accueillir ces jeunes, ces enfants, tombés dans le piège de la drogue. Je le répète, nous ne sommes pas face à quelques dizaines de cas, le phénomène s'étend de jour en jour. Dans le cadre de leur mission publique, les deux chaînes devraient se saisir du problème et faire dans le didactique, mais un véritable matraquage. Tout cela exige bien sûr des fonds et on ne fait pas de cette question une priorité. C'est une manière de calculer qui n'est pas très rationnelle. Les fonds que nécessite une telle campagne, même un dispositif permanent, ne sont rien au regard du coût social, sanitaire, de l'exposition des enfants à la drogue. L'une des pistes pour financer ce nécessaire dispositif pourrait être les amendes reversées à la Régie des tabacs. Celle-ci n'étant plus un monopole étatique, et bientôt plus un monopole du tout, il serait logique que l'Etat se substitue à lui pour percevoir ces amendes. Elles serviraient à créer un fonds de lutte contre la drogue en général et celle des très jeunes en particulier. Par ailleurs, une présence policière aux alentours des écoles est souhaitée. Là aussi, c'est coûteux. Mais il faut savoir se donner les moyens d'une politique de protection de l'enfance. Une législation extrêmement sévère sur la vente de drogue aux enfants, multipliant les peines prévues par exemple, pourrait dissuader les dealers. Il faut réfléchir à toutes les pistes et mettre en route un plan. La pire des attitudes, c'est de croire qu'en niant le problème, il disparaîtra tout seul. Or, c'est celle de nos gouvernants et de nos médias publics.