Lors du vote de la première partie du projet de loi de Finances de 2009, seulement 90 députés ont assisté au vote. Ce constat remet sur le tapis la question de l'absentéisme au sein du Parlement. Lahcen Daoudi, vice-président de la Chambre des représentants, dénonce un manque de responsabilité. ALM : Qu'est-ce qui explique, selon vous, le phénomène des députés absentéistes ? Lahcen Daoudi : Les partis politiques sont les premiers responsables de ce phénomène. Ils doivent assumer leur devoir quant à la question de l'absentéisme des parlementaires. Les formations politiques qui ont accrédité leurs députés doivent apporter des réponses claires à ce sujet. Les parlementaires absents, par leurs comportements, manquent complètement à leurs responsabilités en tant que représentants de la nation. Mais si la situation est grave dans les séances parlementaires, je peux vous assurer qu'elle est encore plus dans les travaux des commissions. Parfois, nous nous trouvons dans des situations qui nous contraignent d'ajourner les réunions des commissions. Souvent l'opposition se trouve face au gouvernement en l'absence des députés de la majorité. Les députés absents ne sont pas intéressés. Il y en a même qui n'assistent à une séance que lorsqu'on leur demande de le faire que ce soit pour voter un projet de loi, ou présenter une question orale. Je crois que le peuple doit demander qu'on lui restitue son argent compte tenu du comportement de ses représentants. Il y a des gens qui viennent assister aux séances parlementaires juste pour marquer la présence. Que doit faire le Parlement pour mettre fin à ce fléau ? D'abord, la question doit se lever au sein des groupes parlementaires. Je tiens à noter qu'il se trouve des chefs de groupes parlementaires qui ne maîtrisent pas leurs députés. Si nous donnons l'exemple du premier groupe parlementaire, en l'occurrence « Groupe rassemblement et modernité » qui compte 80 sièges, seulement une minorité assiste aux séances parlementaires. Quant aux mesures à prendre pour stopper ce phénomène, nous nous sommes mis d'accord, comme première étape, d'annoncer la liste des absents à chaque séance parlementaire, puisque la loi interne ne permet pas d'adopter des sanctions ou des mesures plus sévères à l'encontre des députés absents. Cela dit, il faut que les absents présentent des arguments fiables à leur chef de groupe pour justifier leurs absences. Malheureusement, les chefs de groupes parlementaires n'ont pas de pouvoir obligeant leurs parlementaires à justifier leur absence. De même aucune formation politique ne demande des comptes auprès de ses parlementaires absents. C'est pourquoi nous demandons l'installation des caméras lors des travaux des commissions. Que propose le PJD pour remédier à ce problème ? Nous avons proposé 1.000 DH comme ponction du salaire du député pour chaque absence. Comme vous le savez, au sein de notre groupe parlementaire, aucun de nos députés ne peut s'absenter sans présenter le motif de son absence auprès du chef du groupe, et recevoir une autorisation. Par la suite, nous présentons ce justificatif aux instances parlementaires concernées pour qu'il soit publié.