Les Ittihadis, réunis en congrès le week-end dernier à Skhirat, ont élu Abdelouahed Radi, actuel ministre de la Justice, au poste de premier secrétaire de leur parti. Le profil du nouveau chef de l'USFP devait être celui du rassembleur, de l'homme consensuel, réaliste et pragmatique. La majorité des Ittihadis, réunis vendredi, au complexe Mohammed VI de Skhirat, partageaient cette conviction. Or, qui des six candidats au poste de premier secrétaire (Abdelouahed Radi, Fathallah Oualalou, Habib El Malki, Driss Lechgar, Nasr Hajji, Mohamed Lahbabi) pouvait incarner toutes ces qualités ? La réponse ne tarde pas à venir. Dans la nuit du vendredi à samedi, les Ittihadis ont élu Abdelouahed Radi premier secrétaire de leur parti. Un sacre qui n'était pour surprendre personne. L'actuel ministre de la Justice a su trouver les paroles justes. En 15 minutes, - laps de temps auquel il a eu droit pour présenter sa candidature-, il a su convaincre: ressouder les rangs de la famille ittihadie. «Au cas où vous m'accorderiez votre confiance, je serais le premier secrétaire de tous les ittihadis», a-t-il promis, le ton juste et l'allure ferme. La page de «l'unilatéralisme» incarnée par un chef maître du jeu est du coup balayée d'un revers de main. Place à une nouvelle ère où chaque Ittihadi se sent concerné, responsable et impliqué, d'une manière ou d'une autre, dans la gestion des affaires internes du parti. M. Radi s'est engagé à ouvrir, au terme du huitième congrès, un «dialogue politique interne élargi», en mettant l'accent sur la nécessité d'unifier les rangs de la famille ittihadie. Et ce n'est pas tout. M. Radi a repris à son compte un slogan inscrit en gros caractères sur les façades du complexe Mohammed VI, celui de «la création d'un grand bloc de gauche». M. Radi évoque l'urgence de donner un nouvel élan au bloc démocratique de la Koutla, de marquer une grande ouverture à gauche et faire en sorte que les Ittihadis rejoignent de nouveau les rangs pour renforcer et faire retrouver à l'USFP sa place historique de premier parti de gauche. Que faut-il encore demander ? M. Radi s'était engagé, à la veille du premier tour du congrès (juin 2008), à démissionner de son poste de ministre de la Justice pour se consacrer uniquement à la gestion de son parti. Chose promise, chose due. M. Radi a renouvelé son engagement à ne pas cumuler deux fonctions, partisane et ministérielle. Cet engagement répond à une grande attente des militants de l'USFP, qui ressentent aujourd'hui plus que tout autre temps le besoin d'un dirigeant qui soit à cent pour cent à l'écoute de leurs attentes, de leurs revendications, et de leurs aspirations. Le nouveau premier secrétaire saura-t-il tenir cette promesse ? M. Radi va devoir gérer les divergences au sein de l'USFP après l'échec électoral de 2007. Il n'a d'ailleurs pas manqué de nommer le nouveau défi du parti : l'échéance électorale de 2009 (élections communales du 12 juin prochain). L'USFP compte-t-elle s'unir avec le PJD en perspective du scrutin annoncé? M. Radi ne s'est pas prononcé sur cette alliance contre-nature avec le parti islamiste, prônée par Driss Lechgar. Il s'est gardé de se hasarder à un discours sur une alliance que nombre de militants repoussent comme un mauvais charme. A ce propos, l'USFP a un engagement à respecter avec la Koutla et les partis de la future coalition de Gauche qui s'annonce. «Nous attendons juste la fin du congrès de l'USFP pour mettre en œuvre le projet de création d'un nouveau bloc de gauche», confie à ALM le chef du Parti travailliste, Abdelkrim Benatiq. Hier, les Ittihadis devaient tenir une course contre la montre pour élire les 22 nouveaux membres du bureau politique. 92 candidats briguaient une place au sein du nouveau bureau politique, tandis qu'un nombre de 700 candidats aspiraient à décrocher une place au sein du Conseil national. Près de 200 personnes devaient être élues au sein de ce Conseil considéré comme le «parlement du parti». 92 candidats en lice pour le bureau politique Quatre-vingt-douze candidats sont en lice pour l'élection des membres du bureau politique de l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Parmi les candidats figurent 16 anciens membres, notamment Habib El Malki, Aissa Ouerdighi, Fathallah Oualalou, Mohamed Achaâri, Driss Lachgar, et Mmes Amina Ouchelh et Rachida Benmassaoud. La liste des candidats comporte également Ahmed Zaidi, Mohamed Ameur, Jamal Rhmani, Hassan Tarik, El Hassane Bouqentar et Mme Aicha Lekhemass. Instance exécutive du parti, le bureau politique est composé de 22 membres. Le nouveau bureau doit comprendre 25% de femmes, selon une décision prise vendredi par les congressistes. Les membres du bureau sont élus au scrutin secret de liste, à la représentation proportionnelle. L'adoption de la liste des candidats à l'élection du Conseil national (180 membres) a été reportée à une heure tardive samedi pour des raisons techniques. Les congressistes procéderont par la suite à l'élection des membres du Conseil national et du bureau politique, tandis que l'adoption des rapports des trois commissions du congrès a été repoussée à dimanche matin. Il s'agit en l'occurrence des rapports des commissions de «dynamisation et de modernisation de l'action du parti», des «affaires politiques, institutionnelles et identitaires» et «économique et sociale». Abdelouahed Radi avait été élu, samedi tôt dans la matinée, nouveau premier secrétaire de l'USFP, par 340 des 1.332 voix exprimées.