La réalisatrice Zakia Tahiri vient de présenter en avant-première son film «Number 1». La sortie de ce dernier dans les salles nationales est prévue à partir du 26 novembre. AM : Vous parlez beaucoup de la femme dans Number1. Est-ce un film féministe ? Zakia Tahiri : J'ai voulu à travers cette comédie populaire raconter une histoire d'amour et montrer que chacun a ses faiblesses que ce soit l'homme ou la femme. Même si le film parle beaucoup de la femme et de sa condition. Il ne s'agit pas d'un film féministe. J'avais envie à travers ce film de participer à cette dynamique d'évolution qui s'est mise en place au Maroc. Et dire que tout n'est pas réglé au pays. Le film retrace bien ce qu'on vit au Maroc en ce moment. J'espère qu'il va apporter une réflexion. Je défends aussi les hommes, dans ce film. J'ai beaucoup de tendresse pour les hommes. Je sais par exemple que c'est grâce à mon mari que j'ai pu devenir réalisatrice. Alors c'est le premier film que vous réalisez seule ? C'est le premier film que je réalise seule. C'était un énorme défi. A Chaque moment du tournage, j'avais l'impression d'être devant un précipice. C'était très lourd. Les gens avec qui je travaille peuvent avoir de la sympathie pour moi, mais cela ne les empêchent pas de juger mon travail. ils sentent très bien si tu sais ce que tu veux faire ou tu ne veux pas faire. Je devais intéresser mon équipe, l'amener à se concentrer et s'impliquer au-delà de leur salaire à la fin de la semaine.
Pourquoi êtes-vous revenue au Maroc ? J'aurais pu rester en France. Mais je suis revenue pace que j'aime mon pays où j'ai eu une enfance magnifique. On a ici une liberté extraordinaire qui n'existe pas ailleurs. Je n'aurais jamais pu faire ce film, s'il avait été produit par la France. D'ailleurs, quand j'ai commencé à travailler sur ce scénario en France, tout le monde a aimé. Mais ils m'ont dit de mettre au casting Gad El Maleh ou Jamel Debbouze et d'écrire le film avec 50% des dialogues en français pour avoir le soutien. Mais ces conditions n'étaient pas en adéquation avec ma vision d'un film populaire. Alors, j'ai préféré me débrouiller dans mon pays. Et je suis très fière que le Maroc ait produit ce film. Quel est le symbole dans le film du recours à la sorcière ? Le recours à la sorcière est quelque chose qui est ancré dans notre culture populaire, dans les mentalités, qui existe et qui est palpable au quotidien. On dit surtout à la fin du film que cela ne sert à rien. Ces femmes n'ont pas les moyens d'aller chez un thérapeute. Elles n'ont pas quelqu'un qui pourrait les écouter. La femme ne peut pas dénoncer son mari s'il la maltraite. Tout est tabou. Elle a même honte d'exprimer sa joie. A qui peut-elle s'adresser, et vider son sac à part malheureusement une sorcière. Et le message de ce film est justement de dire que cela ne sert à rien. Ce dont on a besoin, c'est le regard de l'autre, de l'échange, de l'amour et du respect.