La 1ère édition du Festival international du film documentaire se tient du 4 au 8 novembre à Agadir. Sa directrice, Nezha Drissi parle à ALM des ambitions et du contexte dans lequel s'inscrit l'événement. ALM : Vous avez plus de 15 ans d'expérience dans la production de films documentaires en France. Pouvez-vous nous dresser un diagnostique du films documentaire au Maroc? Nezha Drissi : Le film documentaire est à ses débuts au Maroc. C'est un genre qui émerge et qui suscite un véritable engouement. Il y a une vraie demande de la part des chaînes et un désir formulé de la part des réalisateurs et professionnels (producteurs) d'apprendre et de participer à des formations. Mais pour l'instant, c'est encore un genre cinématographique méconnu. Il existe une confusion entre magazine, reportage, et film documentaire. Quelle est donc, dans ce contexte, l'ambition du Festival international du film documentaire d'Agadir ? L'ambition de ce festival est de développer et entretenir une culture documentaire dans notre pays en fédérant grand public et professionnel. Nous souhaitons à travers cette manifestation offrir une ouverture sur le monde et créer un lieu d'échange et de formation. Ainsi le Fida doc sera une manifestation à caractère professionnel, de dimension nationale et internationale. Pourquoi n'y a-t-il pas de films documentaires marocains en compétition ? On ne pouvait se permettre, lors de cette édition, de mélanger les genres, et mettre en compétition des reportages avec de vrais films documentaires. Aussi, on ne peut pas aligner dans une même compétition des films de 26 min. avec d'autres de 90 min. Et puis, le seul documentaire marocain qu'on a eu le plaisir de voir, était celui de Laïla Kilani, «Nos lieux interdits». Film sur l'Instance Equité et Réconciliation. Malheureusement, on n'a pas pu le programmer, vu que le coproducteur lui réserve la première au Festival de Tanger. Quelles sont les principales thématiques abordées par les films projetés ? Nous avons principalement deux types de programmations lors de ce festival. Il s'agit de la compétition internationale et de la sélection thématique. La première abordera des questions liées à l'environnement, au développement durable, droits de la femme et l'économie alternative. La deuxième est un panorama de l'état du monde que nous avons inscrit dans une vision d'amour et de progrès. Pouvez-vous éclaircir la confusion entre le reportage et le film documentaire ? Le reportage se contente d'observer et donner un certain nombre d'informations qui se voudraient exhaustives. Alors que le documentaire s'émerge dans un sujet et prend une position. Le documentariste a une vision. Il raconte une histoire. Il analyse et traite en profondeur un sujet précis. Si le reportage cherche à informer, le documentaire lui cherche à faire appel à l'émotion d'un spectateur qui se reconnaît et s'identifie par rapport au personnage dont on raconte l'histoire. Dans quelle mesure le film documentaire peut-il être un vecteur de développement ? Le film documentaire a toujours participé à l'évolution des mentalités et à l'épanouissement social. Le film documentaire répond à un besoin de construire et d'affirmer une identité. Il permet par là un éveil civique et une meilleure connaissance de soi et de l'Autre.