Nezha Drissi a évolué dans la production audiovisuelle depuis plus de 12 ans et a produit depuis une cinquantaine de films documentaires distingués. Aujourd'hui, elle travaille sur la création du premier Festival international du film documentaire prévu à Agadir du 4 au 8 novembre. ALM : En quoi consiste le Festival international du film documentaire et pourquoi Agadir ? Nezha Drissi : C'est le premier festival exclusivement consacré au film documentaire qui se tiendra donc à Agadir du 4 au 8 novembre prochain. Pourquoi à Agadir ? L'objectif premier est de participer à une décentralisation qui est en marche. Plusieurs événements sont organisés un peu partout au Maroc et dans les grandes villes qui sont Casablanca, Rabat et Marrakech. Et ce Sud alors qu'il présente un fort potentiel de développement reste un peu vierge, alors voilà, ma place y était tout naturellement. Ce Festival international de documentaire a deux objectifs principaux : créer une culture documentaire auprès du grand public et des professionnels. Nous avons une compétition internationale qui rassemble des films documentaires prévenant d'Europe, d'Asie, d'Amérique Latine , du Moyen-Orient, d'Afrique et du Maghreb ainsi qu'une programmation thématique qui est travaillée en amont avec les associations locales sur des thématiques très précises notamment le social, l'environnement avec les questions d'actualité et d'urgence, le sport et la musique. Ce festival veut créer une dynamique sociale dans la ville et dans la région. Quels sont les critères de sélection des films qui entreront en compétition? Par rapport à la compétition, c'est des productions qui étaient faite en 2007-2008, cela était le premier critère. Le deuxième porte sur l'écriture, je suis productrice de documentaire depuis un peu moins de quinze ans est comme l'idée est de créer une culture documentaire vu qu'au Maroc il y a une très large confusion entre reportage, magazine et documentaire. Donc pour moi il était essentiel d'avoir des films incarnés par des personnages qui racontaient donc une histoire pour parler d'un fait de société que je dirai qui nous concerne tous. Après, bien évidemment, il faut une sélection compétitive et une représentativité de tous les pays. Pour les projections thématiques, il n'y avait pas de date de production exigée mais il me fallait des films sur lesquels un Marocain qu'il soit urbain, citadin, illettré, rural, puisse se reconnaître dans le questionnement du documentaire. On est sur une écriture, je dirai incarnée, préhensible et en tout cas pour laquelle les Marocains peuvent se retrouver. J'adore cette idée où un Marocain agriculteur d'Agadir puisse découvrir qu'un Chilien dont il ne connaissait même pas l'existence, à la limite il ne sait même pas où se trouve le Chili dans le monde, qu'il partage les mêmes problématiques que lui et qu'il lui propose ou inspire des solutions et des propositions. Peut-on dire aujourd'hui que le film documentaire a sa place sur la scène artistique marocaine ? Le film documentaire a toujours été un outil d'éducation populaire au sens noble du terme. C'est vraiment un outil d'éveil civique, d'échange, de réflexion, de débat et d'ouverture. Partant de là et en l'occurrence cela rejoint ma motivation première par rapport à ce festival, c'est que le Maroc est un tournant économique et politique que le champ de développement social est un petit peu en friche et laissé à l'abandon et que le documentaire doit participer à l'émancipation sociale et au développement social. Le documentaire doit avoir sa vraie place sur la scène artistique marocaine et doit être reconnu comme un genre cinématographique à part entière.