Le gouvernement tunisien affirme depuis plusieurs années que les grands projets sont un moteur essentiel de la politique de développement à long terme. Sama Dubaï, société internationale de promotion immobilière et d'investissement relevant de Dubaï Holding, a annoncé l'approbation du gouvernement tunisien au lancement des travaux d'un gigantesque projet immobilier appelé à changer le visage de la capitale tunisienne. Ce projet s'ajoute à la liste croissante des grands chantiers qui redynamisent le secteur de la construction. Le projet «Porte de la Méditerranée» ou «Med gate» sera réalisé conjointement avec le gouvernement tunisien pour un coût total de l'ordre de 25 milliards de dollars sur une superficie de 837 ha au nord de Tunis. (...). Farhan Faraidooni, président exécutif de Sama Dubaï, a souligné l'importance du projet en termes d'emploi la semaine dernière à l'occasion de l'inauguration des travaux, et a déclaré à la presse internationale que le groupe avait choisi la Tunisie pour sa «proximité avec l'Europe et son attractivité auprès des entreprises internationales». Il a également fait remarquer le récent accord du constructeur aéronautique Airbus aux plans de construction d'une usine de composants en Tunisie, indiquant que la nouvelle «nous a réconforté dans notre choix». (...). Le groupe émirati Bukhatir a engagé des travaux de construction d'une cité sportive à Tunis, un projet mixte qui prévoit la réalisation d'espaces résidentiels, commerciaux et de loisir le long de l'autoroute La Marsa en banlieue nord de Tunis. Les travaux devraient être achevés en 2015. Par ailleurs, la société Al Maabar, originaire d'Abou Dhabi, a fait part de son intention de lancer Bled El Ward, un projet qui s'étend sur 5000 ha en banlieue nord de Tunis et dont les investissements prévus caracolent autour de 10 milliards de dollars. Par ailleurs, l'infrastructure tunisienne est en pleine métamorphose, avec la réalisation d'un nouvel aéroport pour une enveloppe de 700 millions de dollars et un port en eaux profondes près d'Enfidha pour un investissement de 2 milliards de dollars. Ces deux projets devraient permettre d'améliorer la liaison de la Tunisie avec les pays voisins. Des travaux ont également été engagés portant sur la réalisation d'un nouveau réseau ferroviaire régional ainsi que la construction de nombreuses routes, hôtels et stations touristiques le long de la côte méditerranéenne. (...). Le gouvernement tunisien affirme depuis plusieurs années que les grands projets sont un moteur essentiel de la politique de développement à long terme. Pour attirer les investissements directs étrangers à grande échelle, le gouvernement a mis en oeuvre toute une série de réformes destinées à faciliter l'investissement, comme, par exemple, l'élimination d'un capital minimum requis pour la création d'une SARL et la promulgation d'un nouveau plan quinquennal de développement économique visant à stimuler l'investissement dans certaines industries et certains secteurs comme les transports et les télécoms. Ces mesures ont eu pour effet de projeter la Tunisie sur la scène internationale, au moment où le pays s'efforce de diversifier son économie en allant au-delà de ses activités traditionnelles de fabrication, ou bien liées à l'agriculture. Selon un rapport annuel de l'Inter-Arab Investment Gurantee Corporation publié en 2006 sur l'investissement au Moyen Orient, la Tunisie occupe le troisième rang dans le monde arabe en termes d'attractivité auprès des investisseurs arabes. Par ailleurs, selon le rapport «Doing Business 2009» de la Banque mondiale, la Tunisie se positionne en tant que leader dans la région Afrique du Nord en matière d'environnement des affaires et d'avancement des réformes, comme en témoigne le volume des investissements directs étrangers, qui a progressé de 35% pour atteindre 1,55 milliards de dollars en 2007. Le gouvernement espère que ces projets gigantesques redynamiseront le secteur immobilier et de la construction. L'industrie, qui a contribué pour 8% du PIB tunisien en 2007, doit faire face à une fragmentation et à une concurrence locale accrue ces dernières années, ainsi qu'au renchérissement du prix des matériaux de construction et à une diminution des marges. De plus, les aspects techniques et les réglementations environnementales de plus en plus drastiques qui accompagnent souvent les nouveaux projets font état d'un manque de compétences et de savoir-faire des entrepreneurs locaux. Malgré tout, les observateurs sont optimistes pour deux raisons. L'offre de bureaux de classe A continue d'être largement inférieure à la demande d'espaces commerciaux, une tendance qui devrait soutenir la réalisation de grands projets, tandis que l'afflux de promoteurs étrangers devrait permettre d'améliorer les compétences techniques des entreprises de construction locales. Bien sûr, de telles perspectives reposent en partie sur la capacité de l'industrie à absorber la venue de nouveaux projets. Sama Dubaï, par exemple, a promis au gouvernement tunisien que la priorité d'embauche serait accordée aux ressources humaines locales. Au vu des 60 milliards de dollars d'investissement en passe d'être injectés dans le secteur au cours des 15 prochaines années, les perspectives d'emploi d'ingénieurs, d'architectes et main d'oeuvre qualifié ou semi qualifiée sont fortes. Assurer l'investissement et l'approbation gouvernementale n'est qu'un premier pas. • Oxford Business Group 9 octobre 2008