Widad Ouardi, analyste financier chez Integra Bourse, recommande aux petits porteurs de ne plus se concentrer sur des valeurs phares qui surperforment déjà le marché et qui sont susceptibles de subir la baisse de plein fouet. ALM : Comment expliquez- vous la forte baisse qu'a connue la Bourse de Casablanca la semaine dernière? Widad Ouardi : L'évolution de l'indice de toutes les valeurs de la place de Casablanca s'est inscrite dans un trend baissier depuis mars. Cette baisse s'est accentuée la semaine dernière avec deux séances de forte baisse où le Masi a perdu 3,4% et 4,1% respectivement lundi et mardi. La correction en soi était attendue après les bonnes performances réalisées durant les trois années précédentes ainsi que les niveaux de valorisation atteints par quelques sociétés. Cependant, l'ardeur de cette baisse est à mettre sur le compte du contexte international où toutes les Bourses ont été ébranlées suite à l'annonce de la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers ainsi que la situation difficile d'autres institutions financières impactées par la crise des subprimes. Pensez-vous que la chute de la Bourse de Casablanca est une conséquence directe de la faillite de certaines banques internationales en relation avec la crise du subprime ? Je dirais que c'était plutôt une conséquence indirecte. En effet, la crise internationale était à mon avis un élément déclencheur de la correction qu'a connue la Bourse de Casablanca. Cette crise n'a pas manqué de marquer la psychologie des investisseurs locaux qui semblent avoir redouté un retrait massif de la part des investisseurs étrangers, ce qui a déclenché des mouvements de panique surtout de la part des petits porteurs. Pensez-vous que le système financier marocain n'est pas exposé à ce genre de risque? Le système financier marocain est actuellement orienté vers les crédits aux particuliers et aux entreprises et n'est ni impliqué dans la distribution des produits immobiliers internationaux ni dans le rachat de créances hypothécaires et titrisées par les banques américaines. Ainsi, il ne devrait pas être directement impacté par cette crise. Selon les propos même du wali de Bank Al-Maghrib, le Maroc est bien à l'abri de la crise financière internationale des subprimes et les crédits immobiliers au Maroc continuent à croître à un rythme soutenu. Pour cette semaine, quel a été le comportement de la Bourse de Casablanca? La Bourse de Casablanca a clôturé la première séance de la semaine sur une note positive (+2.67%) confirmant ainsi la reprise entamée lors de la séance de vendredi (+4%) et témoignant d'un rétablissement de confiance. Quel genre d'attitudes à adopter dans ce cas de dépression rapide en Bourse? Il ne faut surtout pas paniquer dans le cas d'une dépression pareille. En effet, l'économie marocaine est en bonne santé et cette contraction n'est que passagère. Le marché reste gagnant sur le long terme et surtout il n' y a pas lieu de procéder à une liquidation massive sans discernement entre les titres. Je voudrais signaler également que les sociétés cotées se comportent bien comme en témoignent les résultats semestriels publiés jusque-là qui affichent une croissance moyenne supérieure à 20%. Que conseillez-vous surtout aux petits porteurs ? Je leur recommande d'éviter la spéculation et de ne plus se concentrer sur des soi-disant valeurs phares qui surperforment déjà le marché et qui sont susceptibles de subir la baisse de plein fouet. Il faut plutôt dénicher les valeurs qui présentent encore du potentiel en se basant sur les fondamentaux de la société et ses perspectives. Pour cela, je leur recommande de s'adresser à des spécialistes en la matière. Dans ce contexte, quelles sont les actions à acheter ou celles à vendre ou conserver? Comme je l'ai précisé avant, il faut s'orienter vers les valeurs qui ont de bons fondamentaux. En plus, la correction nous a permis le retour à des niveaux de valorisation meilleurs sur des valeurs, ce qui offre une opportunité de placement intéressante.