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100% Jamal Berraoui : Enseignement privé : L'arnaque organisée
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 19 - 09 - 2008

La qualité de l'enseignement n'est pas non plus au niveau des prix affichés.
La faillite de l'école publique a obligé les parents, en nombre de plus en plus croissant, à confier leurs enfants à l'enseignement privé. Or, la qualité de celui-ci est très inégale, sans aucun instrument de mesure, s'il est sûr que nombre d'entreprises d'enseignement privé ont un souci de qualité, le gros du secteur profite de la comparaison avec le public. Sans plus. C'est parce que tous ceux qui le peuvent, même en se saignant à blanc, ont définitivement déserté les bancs de l'école publique que le secteur de l'enseignement privé enrichit des gens sans scrupules.
Les rapports entre les écoles et les parents sont très déséquilibrés. A Sidi Maârouf, une école privée comptait dans ses rangs un gros bataillon d'enfants venus de Bouskoura. Le transport était assuré. Ces enfants sont devenus minoritaires parce que la région est devenue résidentielle. Le patron a supprimé le transport et a donc obligé les parents à chercher des écoles plus à l'intérieur de Casablanca, imposant aux enfants des trajets très longs. Le nombre moyen d'élèves par classe dans les lycées privés atteint le chiffre 33. Et « si vous trouvez mieux, allez-y » répondent les patrons aux parents révoltés par le fait de payer près de 3000 DH par mois pour se retrouver dans les mêmes conditions du public.
La qualité de l'enseignement n'est pas non plus au niveau des prix affichés. Les résultats du baccalauréat sont un leurre, puisque la plupart des directeurs éliminent l'année d'avant les plus faibles, sans autre forme de procès. Même quand l'élève a fait toute sa scolarité au sein de l'institution, il se retrouve éjecté à une encablure du baccalauréat. Juste pour ne pas baisser le pourcentage (véritable arme marketing) de réussite au Bac.
Aucun lycée privé n'a donné à ses élèves un emploi du temps définitif et ce, 3 semaines après la rentrée. Ils attendent que les professeurs règlent leur emploi du temps avec l'éducation nationale. C'est l'une des bizarreries de l'histoire, les enseignants sont les mêmes que ceux du public. Ils sont hors la loi, puisqu'un fonctionnaire n'a pas le droit de cumuler, mais tout le monde s'en fout.
Le plus grave c'est que l'on ne peut rien faire. Toute protestation reçoit la même réponse « il peut partir » qui contrôle en fait le système privé, à qui peut-on s'adresser en cas de conflit ? C'est en principe l'Académie, en réalité personne. L'éducation nationale livre les parents, poings liés, à la voracité de ces éducateurs particuliers. Ils augmentent leurs prix chaque année et parfois en milieu d'année scolaire, sans que l'on puisse discuter, changent les emplois du temps, les professeurs quand cela chante (3 profs de maths différents la même année pour une classe de baccalauréat sciences maths!) et se comportent en monopole.
Cette activité, parce qu'elle touche à des centaines de milliers de familles, doit être régulée et efficacement. S'il y avait le moindre contrôle, l'éducation nationale se rendrait compte que des professeurs portés pâles sur ses registres, assurent chez le privé.
L'enseignement supérieur privé, lui, est pire. Très cher, il a des arguments marketing du genre «double diplôme». Mais sur ce terrain, les parents doivent savoir qu'il y a un instrument de mesure : les directeurs de Ressources Humaines des grandes entreprises. Il faut s'intéresser à ce que pense le monde du travail du diplôme auquel postule l'étudiant.
Ce n'est un secret pour personne, ils placent en gestion l'ENCG de Settat et l'ISCAE loin devant et pour les écoles d'ingénieurs celles de l'Etat sont en tête du
Hit-parade.
Vous payez près de 4000 DH par mois pendant 4 ans pour que le diplômé, après une période de chômage, se rend compte qu'il ne vaut qu'un salaire de 5000 DH sur le marché, c'est un vrai marché de dupes.
L'Etat sait que l'enseignement privé est appelé à se développer. Les parents qui s'y adressent, renoncent à un droit, celui d'exiger de l'Etat l'éducation de ses enfants et payent cher cette renonciation. La moindre des choses c'est que l'Etat fixe un cahier de charges sévère, rééquilibre les relations entre les commerçants et les clients et surtout prend ses responsabilités en publiant un classement des écoles privées.


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