L'opposition ne cesse d'accuser Nicolas Sarkozy d'avoir manifesté une bienveillance coupable à l'égard de Bernard Tapie et d'avoir agi en coulisses pour le favoriser dans son bras de fer juridique dans l'affaire Adidas. Le dossier de l'homme d'affaires et ancien ministre de François Mitterrand, Bernard Tapie, continue d'agiter une tornade politique autour de Nicolas Sarkozy. Après avoir dénoncé vigoureusement l'indemnisation record de 285 millions d'euros attribuée à l'ancien président de l'OM dans son litige avec la banque d'Etat, le Crédit Lyonnais, par une procédure arbitrale très contestée, l'opposition ne cesse d'accuser Nicolas Sarkozy d'avoir manifesté une bienveillance coupable à l'égard de Bernard Tapie et d'avoir agi en coulisses pour le favoriser dans son bras de fer juridique dans l'affaire Adidas. La polémique a été vivement relancée lorsque des médias et des politiques se sont emparés d'une information non vérifiée selon laquelle, après son audience devant une commission parlementaire à l'Assemblée nationale, Bernard Tapie se serait rendu à l'Elysée pour y rencontrer François Pérol, secrétaire général adjoint en charge des Affaires économiques au cabinet de Nicolas Sarkozy. Dans les milieux qui suivent les aventures financières et juridiques de Bernard Tapie sous l'ère Sarkozy, l'information eut un effet retentissant. Et pour cause. Toute la stratégie de l'Elysée a été de nier toute implication de Nicolas Sarkozy dans cette affaire en établissant une sorte de cordon de sécurité et de distance hygiénique entre les deux hommes. Et voilà que tout cet échafaudage risque de tomber. Le Parti socialiste qui cherche à radicaliser son opposition à Nicolas Sarkozy pour ne pas être dépassé sur sa gauche par le nouveau leader de l'extrême gauche Olivier Besancenot est à l'affût de tout ce qui peut le mettre dans la gêne. Il s'est emparé de l'affaire pour lui donner le maximum d'échos. «Si cette visite discrète, voire secrète, était vérifiée, cela poserait de très graves questions sur le rôle de l'Elysée dans la décision d'arbitrage rendue en faveur de Bernard Tapie». Devant les dénégations de Bernard Tapie et le silence de l'Elysée, le Parti socialiste enfonce le clou : «S'il s'avérait que Bernard Tapie a menti sur sa présence à l'Elysée, le secrétaire général devrait expliquer les raisons de ce mensonge et l'objet réel de la visite de M. Tapie. Cette affaire prend chaque jour davantage l'apparence d'un véritable scandale d'Etat». Signe de la nervosité du gouvernement dans cette affaire. Lorsqu'elle a été interrogée par les journalistes sur cette éventuelle visite de Bernard Tapie à l'Elysée, Christine Lagarde, ministre de l'Économie, eut cette réponse laconique pleine de non-dits : «Je ne suis pas la concierge de l'Elysée. Je ne vérifie pas les entrées et les sorties». Parmi les soutiens-surprise qui se sont déclarés pour prendre la défense de Bernard Tapie, l'un particulièrement mérite d'être signalé. C'est celui de Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la politique de la ville. Avec un plaidoyer qui vaut le détour. Fadela Amara argumente: «Au delà du fond du dossier, je pense que Bernard Tapie est jugé parce qu'il appartient à la classe populaire (…) Attention à cette noblesse d'Etat qui voudrait qu'on revienne à cette sorte d'aristocratie d'Etat qui dirigerait notre pays et les gueux resteraient à leur place». Le feuilleton de Bernard Tapie a de fortes chances de connaître de nouveaux épisodes et de continuer à amuser la galerie. Au moins trois initiatives déclarées vont le maintenir sous le feu de l'actualité. La première est celle de l'association de défense des contribuables «Contribuables Associés» qui étudie «la possibilité d'un recours» dans cette affaire. La seconde est celle du sénateur Gérard Larcher, candidat à la présidence du Sénat qui n'exclut pas la création d'une commission d'enquête. Et la troisième est celle de Philipe Seguin, président de la Cour des comptes qui a promis d'examiner les modalités de cette transaction financière et la validité de cet arbitrage favorable à Bernard Tapie. Au jour d'aujourd'hui, Nicolas Sarkozy ne s'est pas encore expliqué sur l'affaire Bernard Tapie. La pression médiatique et politique n'a pas reussi à le sortir de son silence.