En l'espace d'une courte période, l'occasion a été donnée ou imposée à Michelle Alliot-Marie de se distinguer avec une grande classe et de montrer l'étendue de ses talents. S'il y est un ministre qui est passé maître dans l'art de tricoter une langue de bois massive, c'est bien la ministre de l'Intérieur Michelle Alliot-Marie. MAM pour les intimes ou les fainéants. En l'espace d'une courte période, l'occasion lui a été donnée ou imposée, de se distinguer avec une grande classe et de montrer l'étendue de ses talents dans ce domaine, où pourtant la concurrence est extrêmement rude. La première occasion fut lorsque une poignée de nationalistes corses, à la recherche d'une coup médiatique pour attirer l'attention et la lumière des médias sur leur combat, ont envahi la villa de l'acteur Christian Clavier qui n'est autre qu'un des nombreux amis people de Nicolas Sarkozy. Dommage collatéral immédiat d'une telle action fut le limogeage du responsable de la sécurité dans l'Ile de beauté, Dominique Rossi. Tollé général de l'opposition qui crie au «fait de prince» et à la «privatisation de la république» et accuse directement Nicolas Sarkozy d'avoir usé de son influence pour faire plaisir à ses amis. De Damas, Nicolas Sarkozy avait récusé cette accusation restée célèbre dans les mémoires : «Je n'ai pas eu besoin d'intervenir parce que j'ai un ministre de l'Intérieur qui fait son travail». Michelle Alliot-Marie opine du chef et valide les affirmations de Nicolas Sarkozy. Et aux journalistes qui la harcelaient de questions sur la possible intervention personnelle du chef de l'Etat dans cette affaire, Michelle Alliot-Marie n'eut qu'un glacial méprisant : «Arrêtez de faire du cinéma». La seconde affaire dans laquelle la ministre de l'Intérieur dut ravaler ses bigoudis concerne le fichier policier Edvige (pour exploitation documentaire et valorisation de l'information générale). Adopté presque en catimini par décret le 1er juillet dans l'inattention estivale générale, défendu avec fougue et passion par Michelle Alliot-Marie et le Premier ministre François Fillon, le recul de Nicolas Sarkozy en demandant à ses ministres «du sang froid» et de la «cohérence gouvernementale», avait mis la ministre de l'Intérieur en porte à faux face à ses anciennes déclarations. En effet, à Hervé Morin, ministre centriste de la Défense qui exprimait publiquement ses inquiétudes sur le fichier Edvige, MAM l'avait critiqué de manière cinglante : «Moi, je suis ravie d'apprendre que Monsieur Morin se pose des questions. La question que moi je me pose c'est comment il se fait que depuis le 1er juillet il n'ait pas réussi à trouver mon numéro de téléphone pour me demander ce qu'il en était. Je l'aurais rassuré». Après le recul de Nicolas Sarkozy, MAM ne sait plus comment fixer dans les yeux sans frémir de gêne Hervé Morin et les opposants au fichier Edvige. Devant cette situation, «Le Canard Enchaîné», journal satirique paraissant le mercredi, fait dire à Michelle Alliot-Marie cette phrase censée résumer ses rapports avec Nicolas Sarkozy : «Je ma tape le sale boulot, en ce moment.il faut que je couvre les gamineries du président dans cette histoire corse. Et en plus Morin m'emmerde sur le fichier Edvige. ça fait quand même beaucoup». C'est sans doute pour mettre du baume sur le cœur désabusé et rempli de spleen de sa ministre de l'Intérieur que Nicolas Sarkozy a tenu ce mercredi à être présent à l'apéritif du déjeuner d'anniversaire que Michelle Alliot-Marie organisait à la place Beauvau pour fêter ses 62 printemps. Anniversaire auquel elle n'avait invité que les femmes du gouvernement : Rachida Dati (Justice) à Christine Boutin (Logement), Rama Yade (Droits de l'Homme), Valérie Pécresse (Enseignement supérieur) ou Fadela Amara (Ville). Et c'est ce contexte politique difficile pour elle que Michelle Alliot-Marie a choisi pour accorder une interview au journal «Le Figaro», histoire de faire le point sur la lutte antiterroriste en France. Dans cette interview, on y apprend que «des Français se rendent aujourd'hui dans la zone pakistano-afghane pour y recevoir enseignement et entrainement» que «89 islamistes ont été arrêtés en France en 2007. Et que 55 autres ont été arrétés sur notre sol depuis le début de l'année » et que «les prisons françaises sont un lieu de recrutement privilégié pour les islamistes radicaux».