À un an des échéances municipales, la tendance est à la création des blocs politiques. La création du Parti Authenticité et Modernité (PAM) s'inscrit dans cette tendance. Le secrétaire général du parti Al Ahd, Najib El Ouazzani, apporte un éclairage édifiant sur cette nouvelle formation. ALM : Quel sera l'apport du parti Authenticité et Modernité à la vie politique nationale ? Najib El Ouazzani : Le grand parti annoncé est issu de la fusion de cinq partis, à savoir le Parti national démocratique (PND), le Parti Al Ahd, le Parti de l'environnement et du développement (PED), l'Alliance des libertés et Initiative citoyenne pour le développement. Je vois dans cette fusion un point positif. Au lieu de la balkanisation qui existe, cinq forces politiques ont décidé de travailler ensemble. Il s'agit de cinq formations modestes certes. Mais elles ont une représentativité respectueuse que ce soit au niveau du Parlement ou dans d'autres instances. En plus de cette fusion, la dynamique qu'a créée le Mouvement pour tous les démocrates (MTD) va sans doute appeler à créer un grand parti marocain capable d'apporter un plus et répondre aux problèmes des citoyens.
Plusieurs questions se posent sur le plan idéologique et politique du PAM. Comment définissez-vous ce parti ? Je pense que le problème politique n'est pas capital. Nous vivons dans une période qui nous incite à travailler la main dans la main pour régler les problèmes socio-économiques de notre pays. Il faudra dans l'avenir penser à cette question d'idéologie. Ce qui compte à présent, c'est savoir gérer ce passage de transition et faire en sorte que cette nouvelle coalition apporte ses fruits et ressuscite chez les Marocains l'espoir et la confiance qu'ils ont perdus dans les partis politiques.
Sur quelle base les cinq partis ont-ils accepté de se regrouper sous une même enseigne ? Depuis huit mois, les cinq partis politiques en question travaillent au sein du même groupe parlementaire. Après cette expérience réussie, Fouad Ali El Himma nous a proposé de réunir nos forces au lieu de travailler chacun de son côté. Nous avons dit qu'il ne faut pas constituer un obstacle à la réalisation de cet objectif, surtout que sa réalisation permettra de renforcer encore plus notre présence. Aussi, nous avons décidé d'adhérer à ce projet dans la mesure où il peut créer un pôle homogène, issu bien entendu de la réussite d'un travail conjoint dans le même groupe parlementaire.
Sachant que les élections communales sont proches, quels sont les objectifs à court terme du PAM ? Nous sommes actuellement dans une phase préparatoire pour le congrès qui aura lieu au mois de novembre. Ces préparatifs se tiennent aussi bien à l'échelle nationale que locale. Il faut savoir gérer cette période de transition. Il faut bien se préparer pour le prochain congrès national. Tout dépendra des décisions qui seront adoptées. L'essentiel, c'est que ce congrès soit démocratique, représentatif et qu'à l'issue de ses travaux, nous soyons capables de présenter un programme politique clair.
Ne pensez-vous pas que le moindre échec dans les élections annoncées sera fatal à votre formation ? Dans la politique, tout est possible. Toutefois, les échos de la création du MTD et du Parti Authenticité et Modernité sont favorables au sein de la population qui a bien accueilli cette nouvelle dynamique. Nous insistons sur la démocratie interne. Elle seule est capable de donner espoir aux gens pour qu'ils reviennent à la participation à la vie politique de notre pays. Peu importe les résultats du parti dans les élections électorales. Ce qui compte vraiment, c'est qu'il faut assumer ses responsabilités et remplir ses devoirs. Je parle ici du cas où nous serions amenés à gérer une grande ville telle que Casablanca ou Marrakech. Pour éviter le retour de manivelle, le vrai travail sera après les élections. Et c'est là que l'échec sera encore plus grand. Pour éviter l'échec, le PAM doit tirer des leçons des autres expériences politiques, comme celle que vit actuellement l'USFP.
On parle ici de coalition de gauche, là de bloc de droite libérale, et ailleurs de rassemblement islamiste. Comment analysez-vous ce phénomène ? Je crois qu'actuellement nous ne voyons pas encore de coalitions, mais plutôt des projets de coalition. Ce sont des annonces qui se font dans la gauche ou dans la droite. Il faut qu'ils se concrétisent. Faire des appels ne veut rien dire. Nous restons loin du pôle homogène. Il faudra les retrouver sur le terrain. Pour que ces coalitions se confirment, il faut que les différents partis politiques présentent des candidats communs et élisent un seul bureau politique. Mais ce qui compte, c'est que tout ce qui se passe aux différents bureaux politiques doit se refléter sur le terrain pour que cela ne reste pas des coups d'épée dans l'eau.