Face à un Occident très vif par rapport au conflit russo-géorgien, Moscou va compter désormais sur ses voisins asiatiques pour soutenir son action dans ce conflit. La Russie présentera à la Chine et d'autres pays membres d'Asie centrale de l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) de signer une déclaration de soutien à l'action de Moscou dans le conflit en Géorgie. La demande de Moscou lors du sommet de l'OCS qui se tient dans la capitale du Tadjikistan faire craindre à l'Occident l'émergence d'une alliance stratégique qui viendrait concurrencer celle formée par les pays de l'OTAN autour de la Russie. Toutefois, les pays membres de l'OCS ne devraient pas aller jusqu'à une motion de soutien au président russe Dimitri Medvedev après sa reconnaissance de l'indépendance des deux provinces géorgiennes séparatistes de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Medvedev et les autres dirigeants des Etats-membres de l'OCS -Chine-Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Ouzbékistan- se sont retrouvés mercredi pour une réunion informelle au palais présidentiel du chef de l'Etat tadjik Emomali Rahmon. L'OCS a été créée en 2001 comme un forum destiné à améliorer la coordination régionale en matière de sécurité aux frontières et de lutte contre le terrorisme. Le vice-ministre kazakh des Affaires étrangères Nourlan Iermekbaïev a souligné à l'agence russe RIA-Novosti que son pays n'avait pas encore pris position sur le statut des deux régions séparatistes. «Il est encore trop tôt pour aborder ce dossier», a dit Iermekbaïev. Un peu plus tôt dans la journée, Dimitri Medvedev avait discuté de cette crise avec le président chinois Hu Jintao. Il semble, selon les premières indications, que Pékin soit réticent à l'idée de soutenir ces proclamations d'indépendance tandis que les pays d'Asie centrale se montrent également réticents à l'idée de détériorer leurs relations avec l'Europe et les Etats-Unis. Cité par l'agence officielle Chine Nouvelle, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Qin Gang souligne ainsi que «la situation dans la région (...) doit être résolue par le dialogue». Les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) ont condamné mercredi soir la décision de la Russie, leur partenaire au sein du G8, de reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Cette décision «viole l'intégrité territoriale et la souveraineté de la Géorgie», réaffirmait le G7 dans un communiqué, estimant qu'elle «remet en question» l'engagement de Moscou «pour la paix et la sécurité dans le Caucase». Le G7 déplore «l'usage excessif par la Russie de la force militaire en Géorgie et la poursuite de son occupation de parties du territoire de la Géorgie», appelant Moscou à mettre en oeuvre le plan en six points négocié par la France au nom de l'Union européenne. Dans la soirée, le président français Nicolas Sarkozy et président en exercice de l'Union européenne s'est longuement entretenu par téléphone avec le président russe Dimitri Medvedev, puis avec le président géorgien Mikhaïl Saakachvili. • Olga Tutubalina (AP)