Dans le cadre de la campagne anti-terroriste, les Russes, aidés par les Américains, intensifient leurs opérations dans les gorges de Pankissi. Une intervention qui irrite de plus en plus les autorités géorgiennes. Des agents des services secrets russes et américains participent depuis lundi à «l'opération antiterroriste» lancée par Moscou dans la partie nord de la Géorgie. «Il y a dans les gorges de Pankissi des représentants des services spéciaux russes (ex-KGB). Il y a également des représentants américains qui coopèrent avec nous», a confirmé le président géorgien Edouard Chevardnadzé à qui Moscou a aussi réclamé l'envoi de troupes à l'assaut des terroristes. A la centaine de militaires américains présents depuis cet été sur le sol géorgien - pour «former l'armée» de cette ex-République soviétique du Caucase à la lutte antiterroriste – se sont donc ajoutés des membres des services secrets de Washington. Le ministre russe de l'intérieur Boris Gryzlov avait pour sa part annoncé le 6 septembre dernier que Moscou et Tbilissi s'étaient mis d'accord pour que des représentants du ministère russe de l'intérieur coopèrent avec leurs collègues géorgiens «pour localiser les terroristes internationaux». Car le Kremlin et la Maison-blanche se sont déclarés convaincus que des membres d'Al-Qaïda ont trouvé refuge dans la région du Pankissi. Il n'en reste pas moins que l'intention de la Russie est plus de mater ses «terroristes», les séparatistes tchétchènes – entre 300 et 400 d'entre eux seraient réfugiés dans cette région frontalière - que les fidèles de Ben Laden. En pressant son voisin, elle avait déjà obtenu l'envoi de troupes géorgiennes dans les gorges le 25 août dernier. «Efforts insuffisants» a déclaré Moscou la semaine dernière, menaçant d'intervenir militairement si la Géorgie ne parvenait pas à neutraliser les rebelles tchétchènes. «Les preneurs d'otages, les criminels, les trafiquants de drogue» arrêtés «seront punis», a depuis rassuré le président Chevardnadzé. Mais Moscou veut plus, et réclame l'extradition des prisonniers rebelles, malgré les réticences de Washington, s'est aussi «réservée le droit de poursuivre les rebelles jusqu'en Géorgie»… dans le cadre d'une résolution de l'ONU. Si les relations russo-géorgiennes ont toujours été très tendues depuis le début du second conflit russo-tchétchène en octobre 1999, elles ont pris une tournure nettement plus vindicative ces dernières semaines. «La partie géorgienne appelle fermement la partie russe à s'abstenir de prendre des initiatives qui ne soient pas mûrement pensées et qui pourraient conduire à de nouvelles destructions et pertes humaines, déstabiliser la situation du Caucase dans son ensemble et infliger des dommages irréparables aux relations russo-géorgiennes », a indiqué Tbilissi vendredi dernier. Car la Géorgie, indépendante depuis la chute de l'URSS en 1991, n'a pas l'intention de se laisser influencée par son voisin du nord, elle qui a opéré une large ouverture sur l'ouest. Tbilissi est candidate à l'intégration dans l'OTAN et dans l'Union européenne, et est en train d'établir un vaste projet de coopération économique avec les Etats-Unis. De quoi irriter Moscou qui s'enlise chaque mois un peu plus dans une guerre contre des Tchétchènes toujours aussi déterminés. Une guerre qui se résume surtout à des exactions sur les civils. Ce lundi, un bus a encore explosé dans le centre de Grozny tuant 18 civils, dont au moins deux enfants.