Après les critiques de la Russie, c'est au tour de Téhéran d'affirmer son opposition à toute présence militaire américaine en Géorgie, jugée « trop proche » de ses frontières par l'Iran. Lundi le ministre iranien de la Défense Ali Chamkhani, a déclaré que «Téhéran a toujours été opposé à une présence militaire étrangère dans des pays situés non loin des frontières de l'Iran». La Géorgie, qui a annoncé jeudi dernier qu'elle allait recevoir une aide militaire américaine pour rétablir l'ordre dans les gorges de Pankissi, frontalières de la Tchétchénie (Caucase du Nord), est en effet située au Nord de l'Iran - dont elle est séparée par l'Arménie et l'Azerbaïdjan. M. Chamkhani, qui se trouve d'ailleurs actuellement à Erevan pour une visite de trois jours, doit discuter avec les autorités arméniennes de la coopération entre les deux pays en matière de défense et de sécurité, soulignant que cette collaboration ne viserait pas de pays tiers. L'Arménie est pour sa part toujours en conflit avec l'Azerbaïdjan pour le contrôle du Nagorny-Karabakh, région d'Azerbaïdjan majoritairement peuplée d'Arméniens. C'est dire à quel point les enjeux sont importants dans cette partie d'Asie centrale… Et la décision du président géorgien Edouard Chevardnadzé constitue pour le moins un pari risqué. Le recours à une aide militaire américaine peut lui offrir une chance de restaurer son autorité en Géorgie, mais elle a d'ores et déjà ulcéré les séparatistes soutenus en sous-main par Moscou. Le soutien promis par Wahsington - officiellement pour combattre les terroristes présumés réfugiés dans les gorges de Pankissi - offre certes la possibilité au président de redorer son blason. Mais l'arrivée prévue d'Américains - jusqu'à 200 - pour former quelque 1.500 militaires géorgiens, a en revanche suscité de vives critiques en Russie avant que le président Vladimir Poutine ne calme le jeu vendredi, en y apportant son soutien au nom de «la lutte internationale contre le terrorisme». Cette annonce a pourtant de nouveau irrité les séparatistes d'Abkhazie (Nord-Ouest) et d'Ossétie du Sud (Nord), deux régions qui continuent de diviser la Géorgie. Quelque 300.000 personnes y ont été déplacées après des deux conflits sanglants qui ont suivi la chute de l'URSS. Craignant que les Américains ne soient utilisés pour aider Tbilissi à reprendre le contrôle de cette partie du pays, ces séparatistes se sont récemment adressés à Moscou pour demander officiellement le rattachement de cette république - indépendante de facto depuis 1992 - à la fédération de Russie avec un statut de «membre associé»…