Le ministre des Affaires étrangères syriennes, Walid Mouallem, vient d'achever une visite à Paris où la diplomatie française vient de lui dérouler un épais tapis rouge. Une véritable lune de miel est en train de naître entre la France et la Syrie. L'opération de séduction lancée par Paris depuis, les Syriens ont facilité l'élection d'un président libanais qui est sur le point de bourgeonner. Le ministre des Affaires étrangères syriennes, Walid Mouallem, vient d'achever une visite à Paris où la diplomatie française vient de lui dérouler un épais tapis rouge. Entretiens avec Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Bernard Kouchner, conférence de prestige au sien du très branché Institut français des relations internationales, interviews avec la grande presse pour bien mettre en valeur ce grand tournant. Walid Mouallem a recours au pédantisme oriental des grands jours pour bien souligner ce grand virage : Les deux pays viennent d'ouvrir «une nouvelle page dans leurs relations et d'œuvrer ensemble pour la paix et la stabilité au Proche-Orient (…) La visite à Paris du président syrien Bachar Al Assad constituera une étape historique dans nos relations bilatérales». Ce rapprochement franco-syrien aura pour théâtre le sommet de l'Union pour la méditerranée auquel doit participer Bachar Al Assad. La simple présence du président syrien est déjà en soi un accomplissement majeur de la diplomatie française. S'il est vrai que le numéro un syrien peut exploiter cette fenêtre méditerranéenne pour casser le verrou de son isolement, Nicolas Sarkozy présente déjà cette présence syrienne de haut niveau comme un trophée destiné à désarmer l'argumentaire de tous ceux qui ergotent sur la présence israélienne au sommet de Paris. Sur ce point, le président français semble avoir deux priorités. La première est d'organiser une rencontre photo sous forme, sinon d'une rencontre politique de haut niveau, du moins d'une poignée de mains entre le président syrien Bachar Al Assad et le Premier ministre israélien Ehud Olmert. Par son côté inédit et fortement symbolique, cette rencontre pourra toujours sauver le bilan d'un sommet dans le cas où des divergences profondes en amoindrissent l'importance. Nicolas Sarkozy pourra toujours arguer que cette poignée de mains si imaginable, il y a encore quelques semaines, valait largement tous les déplacements et tous les investissements. Le ministre des Affaires étrangères syrien, Walid Mouallem, a tenu à en exclure la perspective. Mais qui s'attendait honnêtement à ce qu'une confirmation d'un tel événement soit donnée lors d'une visite préparatoire où les moindres détails protocolaires se négocient âprement ? D'ailleurs, même la participation de Bachar Al Assad aux festivités du 14 Juillet, objet de toutes les polémiques, n'est pas encore acquise. La présence du leader syrien à la tribune sur les Champs-Elysées fera l'objet d'une négociation de dernière minute. Nicolas Sarkozy rencontrera Bachar Al Assad le 12 juillet. De la tournure de cet entretien, dépendra la suite des événements. Nicolas Sarkozy ne cache pas l'épaisseur du cahier des doléances qu'il compte présenter au président syrien : «J'aurai l'occasion, en voyant pour le sommet le président Bachar Al-Assad, de lui dire de mettre toute la force de la Syrie pour qu'on relâche le soldat Shalit», affirme le président français transcendé par la libération d'Ingrid Betancourt. Lors de son séjour parisien, Walid Mouallem a fait de grosses œillades en direction de Nicolas Sarkozy sur le dossier nucléaire dans lequel la Syrie est soupçonnée d'élaborer un programme secret : «La possibilité de coopérer avec la France pour l'utilisation d'un réacteur nucléaire civil, spécialement pour l'électricité, est bienvenue (…) Nous assurons la France qu'elle peut le faire». La Syrie ne demande là que l'application d'une promesse française faite par Nicolas Sarkozy de mettre à la disposition de certains pays arabes le nucléaire civil pour les dissuader d'en acquérir la technologie à usage militaire. Autre musique qui plaît bien aux oreilles françaises, celle de la position de Damas à l'égard du Tribunal international chargé de trouver et juger les assassins de Rafic Hariri. Walid Mouallem la joue décontracté : «Nous sommes innocents, Quand on est innocent, on n'a pas peur d'un tribunal».