Le Polisario a été admis en qualité de membre observateur au sein de l'Internationale socialiste (IS), lors de l'ouverture, lundi, de son 23ème sommet à Athènes. Réaction de Mohamed Elyazghi, représentant de l'USFP à ce sommet. ALM : L'Internationale socialiste vient d'admettre en son sein le Polisario en qualité de membre observateur. Comment réagissez-vous à cette décision ? Mohamed Elyazghi : C'est une décision inopportune, à laquelle nous nous sommes opposés vigoureusement. Cette décision s'inscrit à contre-courant des efforts déployés par la communauté internationale pour trouver une solution politique négociée au conflit créé autour du Sahara marocain. Plusieurs dirigeants de partis socialistes européens, africains et arabes partagent notre point de vue et l'ont fait savoir lors du 23ème sommet de l'Internationale socialiste. Les partis socialistes français, belge, sénégalais et égyptien ont contesté cette décision en affirmant qu'elle n'encourage pas le Polisario à aller vers un accord mutuellement acceptable sur le contentieux du Sahara. Quel impact cette décision aura-t-elle sur le dossier du Sahara ? Le Polisario était admis depuis 1976 en tant qu'invité au sein de l'Internationale socialiste. Le statut de membre observateur que le front vient d'acquérir ne changera pas grand-chose, c'est certain. Le Polisario n'est pas un membre associé, et moins encore un membre à part entière de l'Internationale socialiste. Le nouveau statut du front n'est pas tellement différent du précédent, il ne lui permet pas de voter, ni de prendre part à la prise de décision. Cette décision intervient à un moment où le médiateur onusien, Peter van Walsum, ainsi que des membres influents du Conseil de sécurité, dont les Etats-Unis, ont écarté l'option «irréaliste et irréalisable» de «l'indépendance» prônée par le Polisario. La décision de l'Internationale socialiste ne vous semble-t-elle pas «anachronique» ? En tout état de cause, ce n'est surtout pas le Maroc qui va pâtir de cette décision, mais plutôt les malheureux sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf. Le médiateur onusien, qui a eu l'audace de déclarer irrecevable la thèse séparatiste, a déjà mis en garde contre le maintien du statu quo, en affirmant que ce sont les Sahraouis vivant dans les camps de Tindouf qui en paieront les frais. Qui a été à l'origine de l'admission du Polisario en qualité de membre observateur au sein de l'IS ? L'Afrique du Sud a fait des démarches auprès des participants au 23ème sommet de l'Internationale socialiste pour arracher ce statut au profit du Polisario. Le parti socialiste sud-africain est intervenu notamment auprès de ses homologues scandinaves. Nous étions intervenus pour notre part auprès de ces partis pour leur dire qu'ils soutiennent une attitude plutôt négative, et par conséquent, contre-productive pour le processus de négociations en vue de trouver une solution définitive à un conflit qui a généré autant de drames inutiles. Mais nous ne pouvions pas changer la décision de ces partis, tout le monde connaît la position des pays scandinaves sur le dossier du Sahara. Manœuvres sud-africaines à Athènes Admis depuis 1976 en qualité d'invité au sein de l'Internationale socialiste, le Polisario est désormais membre observateur de cette organisation. Lors de son 23ème sommet, qui s'est tenu lundi à Lagonissi, station balnéaire située en banlieue d'Athènes, l'organisation socialiste a voté cette décision sur l'instigation du parti socialiste sud-africain. L'Afrique du Sud, connue pour son alignement sur la thèse du Polisario, a mis le paquet pour arracher le nouveau statut au profit du front séparatiste. Mohamed Elyazghi, qui a conduit la délégation USFP au Sommet d'Athènes, a affirmé à ALM (voir entretien) que l'Afrique du Sud avait fait des démarches auprès des socialistes scandinaves, qui ont joué un rôle déterminant dans ce renversement de tendance. Le Polisario, qui a été représenté à la grand-messe socialiste par son représentant auprès des pays européens, Mohamed Sidati, crie «victoire». Une «victoire» que le dirigeant socialiste Mohamed Elyazghi a minimisée, en disant qu'elle ne changera rien à la réalité. «En tout état de cause, le Maroc n'a rien à perdre dans cette histoire, ce sont les malheureux sahraouis séquestrés à Tindouf qui pâtiront de la décision», a estimé M. Elyazghi, qui a dénoncé cette décision «inopportune» et «négative». «Cette décision n'encourage pas le Polisario à aller vers un accord mutuellement acceptable sur le contentieux du Sahara», a déploré le responsable marocain.