Un colloque national sur «Droits de l'Homme et handicap» s'est tenu samedi à Casablanca afin de faire valoir les droits des personnes handicapées. Explications de la présidente de l'Organisation marocaine des droits humains (OMDH). ALM : Quel est l'objectif de ce colloque? Amina Bouayach : Ce colloque national initié par l'Association «Manbar Al Mouak» en collaboration avec l'OMDH a été organisé afin de préparer avec les ONG concernées et les autres acteurs associatifs un plaidoyer pour promouvoir la convention internationale des Nations unies sur les droits des personnes handicapées et d'inciter le Maroc a ratifié cette convention et le protocole y afférent. Nous avons également examiné les différents moyens à déployer pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées. Qu'est-ce que vous revendiquez ? Il est primordial aujourd'hui que le gouvernement ratifie la convention internationale. Cette convention est capitale puisqu'elle assure la pleine jouissance des droits de l'Homme et des libertés fondamentales pour ces personnes. Nos revendications portent également sur la révision des textes législatifs pour la protection des droits des personnes handicapées. Les autorités doivent mettre en place une politique nationale qui tienne compte de ces personnes comme des citoyens actifs. Il faut leur permettre démontrer leurs compétences et de cesser de marginaliser cette population. Ils ont le droit à une vie digne comme tout citoyen. Est-ce que vous sentez qu'il y a des améliorations en faveur des personnes handicapées ? Il est vrai que par rapport à une dizaine d'années, il y a eu des améliorations. Cela dit, les réalisations accomplies restent encore en deçà des besoins. Il reste encore beaucoup à faire. Les personnes handicapées sont victimes de plusieurs barrières parmi lesquelles figure notamment l'accès à la scolarisation. Il y a encore quelques jours, j'ai eu l'occasion de discuter avec plusieurs mères de personnes en situation d'handicap qui m'ont avoué qu'elles avaient du mal à inscrire leurs enfants. La scolarisation demeure un sérieux problème sans compter les problèmes liés à la formation professionnelle, l'emploi, la couverture médicale et sociale et la prise en charge par leur famille. Il faut aussi mentionner la vision de la société à leur égard. Une personne handicapée aspire bienfaisance alors que ce sont des personnes qui doivent bénéficier de droits. Le handicap en chiffres Le Maroc compte 1.530.000 personnes handicapées, soit 5,12 % de l'ensemble de la population, selon l'enquête nationale sur le handicap réalisé en 2004 par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'Enfance et des Personnes handicapées. Il ressort également de cette large étude que les accidents représentent 24,4 % des causes du handicap avec en tête, les accidents de la route, les accidents du travail, les complications liées à un traitement médical ou une opération et les violences sociales ou familiales. Il est à noter également que 56,4 % des personnes en situation de handicap sont âgées de 16 à 60 ans. 41,2 % d'entre elles résident au milieu rural, 58,8 % au milieu urbain et 16 % dans des zones insalubres. Seuls 12 % des handicapés sont affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale, à une assurance ou à une mutuelle. S'agissant de la scolarisation, 32 % seulement des enfants handicapés entre 4 et 15 ans vont à l'école, soit un taux de scolarisation trois fois inférieur à celui des enfants non atteints par un handicap. Dans le domaine de l'emploi, seulement 10,1 % des personnes handicapées sont des actifs occupés. Dans les tranches d'âges de 15 à 60 ans, ce taux atteint 12,2 %.