Saïda n'aurait jamais imaginé que l'amour lui coûterait la vie. Abandonnée par son amant, cette mère d'une fillette d'un an et demi a choisi le suicide. Saïda est née à Salé en 1987. Scolarisée, elle a été mise à la porte de l'école après avoir triplé en primaire. Depuis, Saïda est restée chez elle, à aider sa mère dans les tâches domestiques. Au fil du temps, elle ne supportait plus de rester chez elle. Elle s'est mise alors à la recherche d'un emploi. Saïda travaille dans une société située au quartier industriel et entame une nouvelle vie. Elle peut désormais acheter tout ce qu'elle désirait. Elle versait de l'argent à ses parents, sortait et se promenait avec ses amies sans avoir le moindre souci… De fil en aiguille, elle a commencé à remarquer qu'elle séduisait les jeunes hommes ; celui-ci lui chuchotait aux oreilles des mots mielleux, celui-là l'invitait à un café, un autre lui demandait d'entretenir une relation avec lui pour le mariage…Seulement, son cœur a choisi celui qui semblait être sérieux. Il s'agit d'Ahmed, la trentaine, célibataire…L'air sérieux, Saïda a fait confiance à cet homme au point qu'elle est devenue très attachée à lui. Elle ne pensait qu'à lui, à ses mots et à ses promesses. Bref, Ahmed est arrivé à s'installer dans son cœur. Depuis, elle ne lui refusait rien. À chaque fois qu'il la sollicitait de partager avec lui le même lit, elle acceptait. Enfin, elle est tombée enceinte en août 2005. Saïda a avisé son amant et lui a demandé de se marier. Malheureusement, il lui a tourné le dos. « Tu as fait avec moi ce que tu aurais fait avec les autres… », lui a-t-il dit sans vergogne. Et pourtant, elle n'a pas perdu l'espoir que ce dernier reconnaitra un jour l'enfant qu'elle portait et qui était le sien. Quand elle le croisait, elle lui demandait de se souvenir des bons moments qu'ils avaient passés ensemble et de sauver le fruit de leur relation. En vain. Neuf mois plus tard, elle a accouché d'une fillette. Une année et demie plus tard, elle a perdu tout espoir. Un désespoir qui ne lui a pas laissé le temps de penser ne serait ce qu'à sa fille. La mi-février, alors qu'elle était chez elle, au quartier Arrahma, secteur B, elle s'est tenue debout pour quelques secondes dans une chambre, juste devant la fenêtre. Et enfin, elle est passée à l'acte. Elle s'est jetée du troisième étage.