Depuis mardi, le secteur public palestinien est en grève générale. Les fonctionnaires se soulèvent contre une décision gouvernementale, les forçant à payer leurs factures en retard. Plus de 130 000 fonctionnaires palestiniens étaient en grève générale mardi 5 et mercredi 6 février, ayant pour conséquence la fermeture de toutes les écoles publiques et le ralentissement du travail des ministères et des hôpitaux gouvernementaux. Les fonctionnaires s'opposent ainsi à une nouvelle loi gouvernementale qui les force à payer, avant le 25 janvier 2008, leurs factures d'électricité et d'eau, impayées depuis l'élection du Hamas au Parlement, sous peine de sanctions. Les élections législatives de janvier 2006 se finalisant par l'élection du Hamas, avaient débouché sur un boycott des aides internationales, ayant pour conséquence le non paiement des honoraires des employés qui ont donc pris du retard sur le recouvrement de leurs factures. «Cette décision est illégale et c'est une explosion pour nous», déclare Bassam Zakarna, directeur de l'Union des employés du secteur public. «Ils ne nous ont pas payé pendant un an et demi et ils nous forcent à payer les factures d'un coup. Nous ne sommes pas contre l'idée, mais contre la manière de faire», insiste M. Zakarna. Si les fonctionnaires récalcitrants verront un pourcentage de leur salaire automatiquement prélevé et le refus des institutions de toute délivrance de papiers officiels, tels que les cartes d'identité, les certificats de naissance, les passeports etc. «Nous devons nous présenter avec un papier délivré par les entreprises ou la municipalité prouvant que nos factures sont à jour. Cela revient à une accusation générale et chacun doit aller prouver son innocence», s'exclame Bassam Zakarna avant d'ajouter, «Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement s'implique là dedans, les compagnies d'électricité et d'eau sont censées être du secteur privé». Les revendications des fonctionnaires sont multiples. Outre l'annulation de cette loi, ils demandent le paiement, d'ici la fin 2008, des salaires impayés durant la période de boycott, l'ajustement de leurs salaires à l'augmentation de prix, ayant atteint 40%, le paiement des salaires pour les familles de «martyrs» et une aide pour les transports des fonctionnaires, parfois chers à cause des forces d'occupation israélienne. La situation est tendue. Le ton est monté vivement entre les Unions de travailleurs et les membres du gouvernement, notamment le Premier ministre Salam Fayyad et le ministre de l'Information et des Affaires étrangères, Riyad Al Maliki. Ce dernier s'est insurgé contre une comparaison, faite par M. Zakarna, entre les actions gouvernementales et une décision du même type, prise en 1987 par le gouvernement israélien à l'encontre des citoyens palestiniens. Zakarna a décrit cette décision s'apparentant à celle d'une «force d'occupation». Riyad Al Maliki a demandé l'ouverture d'une enquête sur ces allégations, qui selon lui, «indiquent un manque certain de patriotisme». Le ministre a de plus affirmé que le gouvernement palestinien voulait «recouvrir une perte annuelle de 500 millions de dollars, due aux factures impayées» et lutter «contre la culture du non paiement». Le président de l'Union des professeurs, Jamil Shahada, a ouvertement répliqué que «celui qui parle de culture du non paiement est un inculte». Le ministre Al Maliki a de plus indiqué qu'il «encourageait le travail des Unions, mais pas la grève comme première étape». M.Shahada sourit à l'entente de cette déclaration, indiquant que «cela fait trois mois que nous sommes en contact avec le gouvernement. Nous avons tenté de discuter, envoyer des courriers, mais ils n'ont pas répondu. Ils nous ont poussé dans cette voie et nous n'arrêterons pas tant que nous n'aurons pas obtenu gain de cause», insiste-t-il. M. Shahada, leader incontesté du Fatah et ancien conseiller de Yasser Arafat, explique cette levée de bouclier gouvernementale par son appartenance et celle de M. Zakarna, au leadership du Fatah. «Les membres du gouvernement ne sont pas affiliés au Fatah et pensent que nous faisons ce type d'action pour renforcer le pouvoir de notre parti politique, mais c'est faux», indique-t-il. Un entretien officieux a eu lieu lundi soir entre les directeurs d'unions et les ministres impliqués. De source sûre, les garanties apportées par le gouvernement palestinien n'ont pas satisfait pleinement les directeurs d'unions qui ont décidé la poursuite de la grève. D'autres entretiens doivent avoir lieu, devant déboucher sur la décision d'une prolongation ou non du soulèvement, la semaine prochaine.