Les fonctionnaires palestiniens ont massivement répondu à un appel à la grève pour réclamer le paiement des salaires alors que sur le plan politique, la situation reste figée. Dans les territoires sous autorité palestinienne, la tension monte de façon spectaculaire. Privée des fonds directs des donateurs internationaux, l'Autorité palestinienne s'étouffe : pas d'argent pour faire marcher la machine, ni pour payer les fonctionnaires. Une asphyxie générale. De quoi faire chauffer davantage les esprits. La rentrée scolaire a ainsi été marquée par un nouveau bras de fer entre le gouvernement du Hamas et les syndicats contrôlés, par le Fatah. Ces derniers ont décidé d'enfoncer le clou en appelant à une grève générale illimitée. Message reçu ! Samedi, les fonctionnaires palestiniens, enseignants en tête, ont massivement répondu à cet appel pour réclamer le paiement de leurs salaires. Le Hamas qui a jugé la grève illégale a condamné ce mouvement. «Une grève illimitée et les arrêts de travail ne sont pas légaux et ne mèneront pas à une levée du siège contre notre peuple ou à une accélération du paiement des salaires», a indiqué dans un communiqué son porte-parole, Ghazi Hamad. Les syndicats, eux, se sont réjouis du succès de cette grève qu'ils perçoivent comme une victoire contre le gouvernement dirigé par le mouvement Hamas. «La grève est plus importante que prévue : 80 à 95% des enseignants de Rafah (sud de la bande de Gaza) à Jénine (nord de la Cisjordanie) font grève», s'est félicité Jamil al Chihada, secrétaire général du syndicat des enseignants. De son côté, le responsable du Syndicat des employés de la fonction publique, Bassam Zakarna, a indiqué que la grève des autres fonctionnaires était suivie à « 95% en Cisjordanie et à 80% dans la bande de Gaza », précisant que : « le mouvement se poursuivra tant que nos demandes ne seront pas satisfaites ». Le mouvement du Hamas a contesté ces chiffres, affirmant que la grève des enseignants n'avait été suivie qu'à plus de 50% et que la plupart des écoles avaient ouvert leurs portes dans la ville de Gaza. Quelques incidents ont émaillé la journée. Dans le nord de la Cisjordanie, des hommes armés ont empêché les enseignants non-grévistes d'entrer dans les écoles alors qu'à Gaza, des grévistes, dont le directeur d'une école, ont été battus par des membres de la force armée du Hamas. Les salaires des quelque 170.000 fonctionnaires palestiniens n'ont été versés que très partiellement depuis mars. Les donateurs internationaux, Union européenne et Etats-Unis en tête, avaient décidé de couper les vivres à l'Autorité palestinienne après l'investiture en mars dernier du gouvernement formé par le Hamas, un mouvement considéré par les pays occidentaux comme une organisation terroriste. Sur le plan politique, l'heure est toujours à la cacophonie. Un gouvernement d'union nationale devrait être incessamment annoncé dans les dix prochains jours, selon le porte-parole de la présidence, Nabil Abou Roudeina. «Les réunions entre le président Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, dont celles d'aujourd'hui, ont été productives et positives. Nous nous attendons à annoncer un gouvernement d'union nationale dans les dix prochains jours», a-t-il déclaré. Toutefois, le chef du bloc du Hamas au Parlement, Khalil al-Haya, a affirmé que «les négociations pour former un gouvernement d'union nationale sont à leur début». Il a ainsi réfuté l'idée qu'un cabinet puisse être prochainement annoncé. Les négociations pour libérer Gilad Shalit s'accélèrent Les négociations pour libérer le soldat Gilad Shalit, détenu par des groupes palestiniens depuis son enlèvement le 25 juin, s'intensifient et pourraient aboutir à un échange de prisonniers entre Palestiniens et Israéliens. Depuis deux jours, des informations sur des contacts ont filtré dans la presse israélienne et égyptienne, Le Caire étant médiateur depuis le début de la crise. Le journal israélien Yédiot Aharonot, citant des responsables politiques, a affirmé dimanche que des discussions secrètes étaient en cours sur un échange de 800 prisonniers palestiniens contre Gilad Shalit. Le président égyptien Hosni Moubarak a révélé qu'un échange de prisonniers était en cours de discussion. «Des négociations sont en cours auxquelles participent des ONG palestiniennes et israéliennes», a déclaré M. Moubarak, cité samedi par le quotidien gouvernemental al-Ahram.