La capitale spirituelle se mobilise contre le blanchiment des capitaux, quelques mois après le lancement de la nouvelle législation. «La prévention du blanchiment de capitaux, une garantie pour une économie saine». C'est le thème de la rencontre organisée, mercredi à Fès, par la BAM conjointement avec le ministère de l'Economie et des Finances et celui de la Justice. Une initiative qui s'inscrit dans le cadre d'une campagne nationale qui prendra fin le 21 février prochain. Cette dernière s'assigne comme objectif la sensibilisation des différents acteurs concernés par la nouvelle loi n° 43-05 et notamment d'expliciter le contenu et la portée de l'approche préventive contre le blanchiment de capitaux, autre forme de la criminalité financière. Notaires, comptables, avocats, sociétés de gestion de capitaux et autres intervenants sont tous tenus à l' «obligation de vigilance» qui consiste à s'assurer de l'identité du client, de l'origine des fonds, des justifications économiques de toute transaction, ainsi qu'à la conservation des documents relatifs aux transactions pour une période d'au moins dix ans. « Le devoir de vigilance », c'est un appel qui a été lancé et martelé lors de cette conférence. Les experts et les spécialistes présents ont tous insisté sur la nécessité du respect et de l'application rigoureuse par les établissements de crédit de l'obligation de diligence dictée par le nouveau texte antiblanchiment. Selon Jean Pierre Michaud, expert international dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme «la lutte contre le blanchiment des capitaux concerne toutes les professions juridiques indépendantes et nos pas seulement les établissements bancaires». Il a également souligné l'importance des efforts fournis par le Maroc dans ce domaine, spécialement pour ses multiples partenariats pour se conformer aux normes internationales de lutte contre le blanchiment des capitaux. De son côté, Abderrafie Tadlaoui, de la direction de la supervision bancaire à la BAM, a déclaré à ALM que «l'attachement au secret professionnel ne peut en aucun cas entraver les efforts de l'Etat pour lutter contre le blanchiment des capitaux». Et d'ajouter que des programmes de formation sont mis en place au profit du personnel des organismes concernés et qui permettront une meilleure application des prescriptions de la nouvelle circulaire. Dans le même sens, Azzlarab Kettani, conseiller juridique chez la BAM, a affirmé qu'«en cas de constatation d'irrégularités ou de fortes présomptions sur des activités liées au blanchiment des capitaux, les personnes assujetties à ces obligations sont ainsi tenues de faire une "déclaration de soupçon" à l'autorité compétente», a-t-il indiqué soulignant la nécessité pour les établissements concernés de s'assurer des sources des avoirs de leurs clients. C'est à l'unanimité que les intervenants ont soulevé plusieurs enjeux liés à la mise place de la nouvelle loi, en l'occurrence l'enjeu technique celui de l'adaptation et de le profilage de la clientèle en fonction des risques.