Un fquih décrète, sur les colonnes du quotidien islamiste Attajdid, une fatwa interdisant le travail dans les banques. Effectuer le pèlerinage grâce à une somme d'argent émanant de son travail au sein d'un organisme banquier n'est pas religieusement valable. C'est ce que vient d'annoncer le quotidien islamiste arabophone «Attajdid» dans son édition du mardi 25 décembre. Après avoir décrété une fatwa signée par Ahmed Raïssouni interdisant la vente d'un bien immobilier à une banque, le quotidien, porte-parole du Mouvement unicité et réforme (MUR), revient à la charge en annonçant à tous les cadres des banques marocaines qui viennent d'effectuer le pèlerinage que leur action ne sera pas comptée au «registre des bons actes». Bien au contraire, estime le quotidien, il s'agit d'une chose qui peut être inscrite dans le compte des « mauvais actes ». L'auteur de cette nouvelle fatwa, le fquih Mohamed Azzeddine Taoufiq, qui répondait à une question émanant, apparemment, d'un lecteur, ne s'est pas contenté d'invalider le pèlerinage en question mais il est allé jusqu'à sommer le demandeur de fatwa de quitter immédiatement son travail étant donné qu'il s'agit d'un emploi «haram» que la religion interdit formellement. «Les institutions bancaires qui adoptent dans leurs opérations un système basé sur les taux d'intérêt sont des "organismes d'usure" (…) et ce sont ses employés qui le font. C'est pour cela que tout musulman qui fait ce travail doit chercher un autre emploi», estime Azeddine Taoufiq. Cette fatwa est la deuxième du genre que le quotidien Attajdid publie en l'espace de quelques semaines. Étant donné qu'il s'agit d'un quotidien relevant du mouvement islamiste qui constitue la base idéologique et militante du Parti de la justice et du développement (PJD), il est légitime de s'interroger si ces positions sont partagées par le parti islamiste. Un parti qui aspire à gouverner un jour est censé faire preuve de transparence et clarifier ses positions vis-à-vis de l'opinion publique qui, elle, a le droit de savoir si le PJD est contre l'existence d'organismes bancaires comme les Marocains les ont toujours connus et acceptés ou s'il compte les supprimer, si jamais il arrive au pouvoir. En tout cas, ce qu'il ne faut surtout pas faire, c'est maintenir deux positions différentes : l'une affichée et l'autre inavouée. En Islam, on appelle cela : «l'hypocrisie», un acte classé parmi les plus graves péchés.