L'USFP au gouvernement et le PJD à l'opposition font cause commune. Les députés des deux partis s'accordent à critiquer l'approche gouvernementale sur le dossier fiscal et social. L'USFP et le PJD s'acheminent vers la formation d'un front commun contre le projet de loi de Finances. Les députés des deux partis s'insurgent contre les «cadeaux fiscaux» concédés par le gouvernement, faisant référence notamment aux allègements fiscaux, concernant l'IS sur les établissements financiers et bancaires prévus dans le texte du projet. «L'USFP est déjà acquis à notre position sur cette question», assure Lahcen Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD. Sans aller jusqu'à parler de coordination entre les deux partis, Ahmed Zaidi, président du groupe de l'USFP au Parlement, n'écarte pas un accord entre les députés de son parti et ceux du PJD sur certains points. Officiellement, l'USFP écarte l'existence de contacts formels avec les députés du PJD. N'empêche, des concertations ont bien lieu entre les parlementaires des deux partis dans les couloirs de l'hémicycle. «Sur le volet social, les députés de l'USFP soutiennent nos positions sur plusieurs points. Nous espérons plus de coordination avec eux», affirme M. Daoudi. Ces rapports ne vont toutefois pas jusqu'à une coordination aussi avancée que celle des trois grandes formations de l'opposition, le MP, l'UC et le PJD. Les rapports entre les trois composantes sont ouvertement formels et les positions sont concertées. Pour l'USFP, la position de «soutien critique» au gouvernement adoptée par son bureau politique, contraint ses députés à apporter leurs voix à celles de la majorité pour soutenir certains points du projet. «Il est clair qu'ils ne vont pas faire de l'opposition. Ils sont piégés parce que, parfois, ils sont obligés de soutenir n'importe quoi», affirme M. Daoudi. Il n'en reste pas moins que, outre les « cadeaux fiscaux», l'USFP et le PJD adoptent les mêmes positions sur d'autres points à caractère social. C'est le cas notamment de la Caisse de compensation dont l'organisation actuelle favorise les intérêts des intermédiaires et la spéculation, selon les députés du parti socialiste. «Nos observations et propositions faites par le groupe vont dans le sens de la lutte contre les intermédiaires et la spéculation favorisés par l'organisation actuelle de la Caisse», souligne M. Zaidi. L'USFP s'est également prononcé contre certaines mesures apportées par le projet de loi de Finances notamment dans le domaine agricole. Le groupe conteste également le contenu de la loi organique relative à cette loi. De même, le PJD affirme vouloir jusqu'à saisir le Conseil constitutionnel sur certains points contenus dans le projet de loi, notamment celui lié au volet de la privatisation et du Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Le projet passerait, en effet, sous silence la question du reversement de 50% des produits de la privatisation dans les caisses du Fonds. «Globalement, ce sont des observations générales et des propositions à caractère politique», explique M. Zaidi. «Nous attendons la prochaine intervention du ministre des Finances devant les députés. Et si le gouvernement nous donne raison, tant mieux. Sinon, nous allons les transformer en amendements», ajoute-t-il. L'intervention de Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances, devant le Parlement était prévue pour jeudi 15 novembre, mais elle a été reportée à lundi 19 novembre. Cette intervention devrait apporter la réponse du gouvernement aux observations et propositions des groupes parlementaires. Elle sera suivie de l'examen des budgets sectoriels au sein des commissions. Examen qui devrait prendre fin vers le 27 novembre, date après laquelle interviendra le débat général du projet qui sera clos par la session de vote.