Pour se débarrasser de son bébé, issu d'une relation hors mariage, une jeune femme de 22 ans le jette dans un puits à Sidi Bernoussi, à Casablanca. Jeudi 27 septembre, il est midi. Une femme habitant le bidonville Machichi, situé dans la zone industrielle de Sidi Bernoussi, à Casablanca, s'approche du puits, à quelques pas de chez elle. Elle se penche avant de lancer le seau attaché à la corde et remarque un étrange objet qui flotte à la surface. Mais qu'est-ce que cela peut bien être? Cela ressemble à une poupée, mais… En cherchant à savoir de quoi il s'agit, la femme réalise qu'elle vient de découvrir le cadavre d'un bébé. Bouleversée, elle reste figée sur place quelques minutes avant de se lancer vers ses voisins pour les aviser. Alertée, la police judiciaire de Sidi Bernoussi arrive sur les lieux en compagnie des éléments de la protection civile. Le cadavre est évacué vers l'hôpital médico-légal. L'autopsie révèle qu'il s'agit d'un nourrisson de sexe féminin, âgé de 11 mois, mort par noyade. Ses parties intimes ne présentaient aucune trace de violence sexuelle. S'agit-il d'un infanticide ou d'un crime perpétré par un tiers pour se venger des parents ? Pour élucider cette affaire, les enquêteurs de la P.J ont appelé les habitants à coopérer du mieux qu'ils peuvent. L'assassin a toujours pour habitude de retourner sur la scène du crime. Et c'est qui s'est passé, au soir de ce même jour. Une jeune femme, l'air perturbée, frappe aux portes de plusieurs habitants pour leur demander un verre d'eau et surtout les interroger sur le puits, sa profondeur et s'ils avaient remarqué quelque chose d'étrange… Des questions qui ne laissent pas les habitants indifférents. Ils décident alors de l'empêcher de partir avant l'arrivée de la police. La P.J conduit la jeune femme vers les locaux du commissariat. Que cherchait-elle au douar et pourquoi a-t-elle posé des questions au sujet du puits ? «Je cherchais, en fait, un certain Al Ayachi qui recrute les filles pour travailler dans les usines situées dans la zone industrielle…», répond-elle, l'air paniqué. Les enquêteurs ne croient à ce qu'elle raconte et l'interroge de nouveau. Et là, elle finit par avouer, les larmes aux yeux : «Oui, j'ai jeté ma fille dans le puits !». Pourquoi a-t-elle commis cet infanticide ? Née en 1985, la jeune femme a arrêté ses études après avoir obtenu le baccalauréat. Ensuite, sa vie a plongé dans le vide. Rien à faire toute la journée. Issue d'une famille nécessiteuse, cette situation ne pouvait pas continuer. La solution qu'elle a choisie : la prostitution. Pour cela, elle guettait ses clients au boulevard Mohammed V. Alors elle a fait la connaissance d'un jeune homme, son aîné de deux ans, dont elle est tombée éperdument amoureuse. Cette relation a fini par donner son fruit : une jolie petite fille appelée Fatima Zahra, le 23 octobre 2006. Le père ne l'a pas abandonnée au départ. Il l'a même accueillie chez ses parents, mais sans établir d'acte de mariage. Pour cacher ce qui venait de lui arriver, la jeune maman a préféré mentir à ses parents en leur faisant croire qu'elle a réussi le concours de recrutement des policières et être partie en stage à Kénitra. Au fil des jours, la vie que menait le couple est devenue impossible obligeant la jeune maman à reprendre son activité. Le soir du mercredi 26 septembre, le couple se dispute violemment. Hors d'elle, la femme claque la porte, emmenant la petite Fatima Zahra avec elle. Tout au long du chemin, elle pensait au moyen de se débarrasser d'elle. En arrivant devant ce puits au douar Machichi, elle a déposé par terre son bébé et est partie. Mais, son instinct maternel l'a empêchée d'aller plus loin et elle est retournée pour récupérer son bébé. Au moment où elle s'apprêtait à partir, une seconde fois, le sentiment d'hésitation l'a envahie de nouveau. Elle se alors retourne face au puits et enlève le couvercle en bois. Puis, elle jette Fatima Zahra avant de partir en courant. Mais, elle retourne le même soir au douar pour récupérer sa fille, croyant qu'elle était toujours en vie ! Trop tard…