Durant le mois sacré de Ramadan, les souks de la médina connaissent une affluence très importante. Merktane est l'un des lieux les plus prisés par des curieux à la recherche de bonnes affaires. Près du Diwane, juste à quelques pas du mausolée Sidi Tijani, se dresse ce centre névralgique de l'ancienne médina: le souk Merktane. Il s'agit du souk de vente aux enchères le plus connu à Fès, à côté de celui de Dlala de Rahbat Zbib. «La «baraka» n'a jamais cessé d'exister dans ce souk», confie discrètement une commerçante. Le souk est, semble-t-il, entouré de quelques croyances et superstitions relatives à sa proximité du tombeau de l'un des grand maîtres tijanes. Chaque matin, de 10h jusqu'à la prière du Dhor, des femmes, des hommes et des jeunes de tout âge viennent vendre des habits et des accessoires de décoration usés. A l'entrée de ce souk, les cris des «dellal» (crieurs ou ceux qui mènent les opérations des enchères), le petit espace réservé à l'étalage de la marchandise et le soleil brûlant ne semblent guère constituer la moindre dissuasion pour les visiteurs. Un jeune couple négocie le prix d'une djellaba en laine. Le marchand lance un 200 DH assez hésitant, finalement elle fut vendue à 150 DH. Les bas prix sont l'apanage de ce marché qui nourrit un grand nombre de ménages aux revenus assez modestes. Le mois sacré du Ramadan constitue par ailleurs une belle occasion pour les commerçants, notamment des femmes, de se rafraîchir la bourse. Celles-ci vendent toutes sortes d'articles, des nappes brodées à la fassi, aux ensembles de couvertures des salons traditionnels jusqu'aux vêtements qu'elles ne pensaient pas un jour s'en séparer. «C'est pour payer les factures que je vends certains objets de décoration de ma maison. En plus, Ramadan nécessite beaucoup d'achats», explique une jeune femme. Le souk attire de nombreuses personnes à la recherche d'articles précieux ou d'œuvres d'art. Les revendeurs ne se plaignent pas du tout. Un caftan acheté à 200 DH est vite vendu à 350 DH : «c'est un tissu assez cher», argumente le vendeur en parlant de thlija, un tissu réputé précieux. L'approche de la fête de la fin du Ramadan pousse plusieurs maîtresses de ménages à s'approvisionner en produits alimentaires de ce même endroit, mais surtout à acheter quelques meubles ou accessoires de décoration à des prix qu'elles affirment très convenables. «Je viens d'acheter un ensemble de couvertures pour mon salon beldi à 400 DH seulement», indique une jeune femme qui négociait sans fatigue le prix de trois couvertures et d'une vingtaine de coussins traditionnels. Les petites bourses ne peuvent ainsi que se réjouir de ce marché qui ne désemplit jamais.