La rencontre entre Bush et Abbas a pour objectif de rehausser l'image des deux hommes. Le premier dans sa stature de faiseur de paix pour faire oublier sa pyromanie chronique, le second dans son standing d'interlocuteur crédible alors que son leadership est contesté par le Hamas. Avec la sortie médiatique new-yorkaise fort contestée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad pour expliquer et défendre les choix politiques de son pays, la rencontre entre l'Américain George Bush et le Palestinien Mahmoud Abbas aura été une des séquences clefs en marge de cette soixante deuxième Assemblée générale des Nations Unies. La rencontre était attendue avec curiosité par tous les observateurs pour mesurer le sérieux et la profondeur de l'engagement américain en faveur d'une paix juste entre Palestiniens et Israéliens. Elle était d'autant plus importante que les mots qui allaient être prononcés et les postures qui allaient être adoptées éclaireraient d'un nouveau jour la fameuse conférence internationale que l'administration Bush s'apprête à organiser en novembre prochain comme un vibrant indicateur de son implication dans la recherche de la paix au Proche Orient. Si, comme disent les Américains, la « Photo-Op » a eu lieu pour rehausser le prestige des deux hommes, Bush et Abbas. Le premier dans sa stature de faiseur de paix pour faire oublier sa pyromanie chronique, le second dans son standing d'interlocuteur crédible alors que son leadership est lourdement contesté à domicile par le Hamas, la rencontre était loin de lever le voile sur les questions les plus sensibles et d'éclairer le chemin qui doit mener vers cette fameuse conférence internationale. Pas d'envolés lyriques de circonstances, pas de promesses, pas d'engagements de calendrier. Sans doute échaudé par l'inoubliable expérience qui avait fait dire à G. Bush dans le passé que l'Etat palestinien verrait le jour en 2005. Le président américain s'est contenté d'adopter un discours modeste où le vœux lointain domine la détermination pratique: «je soutiens fortement la création d'un Etat palestinien (…) Et je crois que la vision de deux Etats vivant côte-à-côte et en paix peut être réalisée». La prudence de G. Bush n'est pas le fruit du hasard. Elle provient des grandes difficultés que rencontre son administration pour organiser une conférence internationale sur la question palestinienne disposant d'un minimum de crédibilité. Les lignes de rupture entre les protagonistes demeurent théoriquement infranchissables. Les Palestiniens souhaitent, comme l'a dit Mahmoud Abbas, que «cette réunion traite de la substance des principales questions pour que nous puissions négocier par la suite un traité de paix permanent avec Israël, en se référant aux questions fondamentales des frontières d'un futur Etat palestinien, du statut de Jérusalem, du sort des réfugiés palestiniens. Tandis que les Israéliens fixent un plafond moins ambitieux: «Il serait préférable, avait déclaré le Premier ministre israélien Ehud Olmert, qu'à l'issue de cette réunion un communiqué conjoint soit publié sur les questions clefs, afin qu'il serve de base aux négociations en vue de la création d'un futur Etat palestinien». Ce flou dans l'agenda et les finalités de cette rencontre internationale est à l'origine de l'hésitation de nombreux pays à donner leur accord de participation. Le cas le plus significatif est celui de l'Arabie Saoudite que l'administration Bush voudrait bien voir siéger publiquement à la même table des négociation, avec les Israéliens, ce qui serait en soi une première mondiale. Les Saoudiens, capricieux et exigeants, se font prier. Leur ministre des Affaires étrangères Saoud Al-Faycal peine à trouver les formules diplomatiques pour ne pas y aller et justifier son refus. Selon lui, le succès de cette rencontre «dépend des questions qui y seront discutées» «les questions principales (…) alors ce sera un succès et c'est ce que souhaitent les Arabes». Si elle souhaite ardemment la présence des Saoudiens, l'administration Bush maintient un flou artistique sur la présence de la Syrie, sa bête noire dans la région, après l'Iran. Des messages contradictoires sur le sujet sont venus de la Maison-Blanche. Les officiels syriens en sont réduits à démentir les informations publiées dans la presse comme le fait le ministre syrien de l'Information Mohsen Bilal : «Aucune invitation à la conférence internationale sur la paix au Proche-Orient n'a été adressée à la Syrie (…) La Syrie décidera de son éventuelle participation après avoir reçu une invitation». On prête à l'administration Bush le machiavélisme de vouloir faire venir les Saoudiens en cédant sur les Syriens.