Les voix commencent à s'élever en Algérie pour exiger du pouvoir de se remettre en question et d'engager un processus de réformes dans le cadre d'une véritable démocratisation du pays. Trois personnalités-phare de l'opposition, Houcine Aït Ahmed, leader historique et président du Front des forces socialistes (FFS), Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) et l'ancien Premier ministre Mouloud Hamrouche ont appelé vendredi à la démocratisation du pouvoir en Algérie. «Nous sommes convaincus que la mise en place d'un processus de démocratisation du pouvoir, son exercice et son contrôle constituent le chemin de la sécurité nationale, de la stabilité et de l'espoir», disent-ils dans une déclaration politique commune. Dans une allusion à la politique mise en oeuvre actuellement par le président de la République algérienne Abdelaziz Bouteflika, marquée notamment par la marginalisation de l'opposition réelle, les trois signataires jugent que «la négation politique, la répression et l'exclusion ne sont pas des solutions aux multiples difficultés et impasses que connait le régime». Les trois leaders politiques, qui redoutent par ailleurs «un nouvel engrenage de la violence», après les deux attentats de Batna et de Dellys, se disent «préoccupés par la situation du pays» et affirment leur disponibilité à apporter leur «contribution à la recherche de solutions de sortie de crise dans toutes ses dimensions». La déclaration des trois personnalités intervient dans un contexte politique lourd en Algérie, marqué par un brusque rebond de la violence terroriste, la tension sociale du fait de la flambée des prix des produits de base et surtout les incertitudes liées à la santé du président Bouteflika. Suite à l'attentat de Batna, qui le ciblait jeudi dernier, le président avait réaffirmé sa détermination à poursuivre sa politique de réconciliation nationale, tout en fustigeant les adversaires de cette démarche, tant les groupes islamistes armés que les laïcs. ------------------------------------------------------------------------ Abdelhamid Mehri : «Nous demandons un changement radical du système» Intervenant à l'occasion de l'ouverture des travaux du 4e congrès du FFS, l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, s'est montré très critique envers le régime et sa gestion des affaires du pays. «L'instauration d'un Etat démocratique et d'un Etat de droit est indissociable du projet de novembre 1954», a-t-il dit avant d'ajouter : «ce projet demeure suspendu d'autant que le système continue d'agir en dehors du texte de la Constitution». L'ancien patron du FLN estime que «ce projet est toujours valable pour rassembler les militants intègres et les partis. Le FFS peut être un élément important pour le rassemblement des forces populaires». La mise en place d'une véritable démocratie, précise-t-il, «est difficile à réaliser et les problèmes sont toujours là». «Je crains que cette situation ne se solde par l'assassinat de la société. Nous demandons un changement radical du système», clame-t-il en précisant que la réalisation de cet objectif nécessite un long combat des forces populaires «loin de la violence et de l'exclusion (…) la violence, même si elle est infime, existe encore et ses répercussions sont importantes sur la société». Pour l'ancien patrons du FLN, «les Algériens veulent un véritable changement et non un amendement de la Constitution car la révision constitutionnelle dont on parle ne résoudra pas les problèmes de l'Algérie. Il faut un changement politique avec la participation de toutes les forces vives de la société et le premier changement est de vaincre la violence», a-t-il conclu.