La séparation des deux groupes, mettant fin à une coopération de sept ans dans la grande distribution, fait de l'ONA seul maître à bord de Marjane et Acima. Auchan, groupe français de distribution, a annoncé, vendredi dans un communiqué, avoir cédé ses parts dans Marjane et Acima, pour la coquette somme de 291 millions d'euros. C'est, somme toute, le prix à payer contre le divorce des deux entités OnA (Omnium Nord-Africain) -Auchan. L'annonce de la séparation des deux géants, faite la semaine dernière, concernait la cession d'Auchan de ses 49% détenus jusque-là dans les supermarchés Acima et les hypermarchés Marjane, mais ne portait aucune allusion à la valeur de cette cession. Depuis, les autorités boursières marocaines ont obligé les deux parties à cette affaire de rendre public le montant de la cession. Le montant de la cession vient, donc, calmer un différend qui tendait l'atmosphère entre les deux géants depuis quelques mois. Cette même valeur de la cession a d'ailleurs été qualifiée par le groupe français comme «un prix satisfaisant qui générerait une plus-value sur le compte d'Auchan en 2007». Rappelons qu'il y a quelques jours, les deux groupes ont publié un communiqué conjoint pour formuler leur commun accord de «mettre fin à leur partenariat pour créer la chaîne de supermarchés Acima et développer le réseau d'hypermarchés Marjane». Le même communiqué soulignait que la rupture définitive ne se fera que dans quelques mois, puisque «les contrats d'assistance et sourcing seront honorés par Auchan pour les prochains mois». Depuis mars 2006, « rien ne bat plus » entre les deux sociétés. A l'origine de ce divorce, un vote majoritaire de l'ONA, lors d'un conseil de surveillance, concernant le passage de 2 à 3 membres pour le directoire de Marjane et d'Acima, soit deux membres de l'ONA et un d'Auchan, et ce, contre l'avis d'Auchan . En janvier 2007, ce conflit débouche sur une sentence arbitrale qui a profité au premier groupe privé marocain, ce qui tranche définitivement le problème, mais génère, aussi, des tensions entre les deux partenaires. ONA avait affirmé que le dialogue avec son partenaire français était rendu «plus difficile par les termes forts déplaisants» d'Auchan après la décision d'arbitrage. Le groupe français avait parlé de «coup de force» de l'ONA. Le président de l'ONA Saâd Bendidi avait souligné que les grandes surfaces Marjane et Acima continuaient à se développer. «Cela se fera mieux si Auchan y adhère, mais cela se fera quand même si le partenaire n'y adhère pas», avait-il ajouté. En fait, la scène économique s'attendait à ce divorce depuis quelques temps, remarquant que les deux groupes ne regardaient plus dans le même sens, puisque les horizons de développement étaient différents pour le couple ONA-Auchan. Les différends portaient, d'autre part, sur le rythme de croissance du réseau de grande distribution à travers les différentes villes du Royaume. L'ONA avait fait part de son ambition d'ouvrir un Marjane chaque trimestre et un Acima chaque mois. Ce qui ne correspondait pas forcément aux objectifs stratégiques de son partenaire français. Le divorce devenait inexorable. L'ONA, à présent, est donc seul maître à bord et pourra gérer avec plus de flexibilité et d'aisance les orientations stratégiques et les perspectives de développement des points de grande distribution que sont Acima et Marjane.