Le terrorisme n'est pas né le 11 septembre. C'est une lapalissade . Mais son explication diffère selon les situations, les perceptions et les intérêts. Alors que le consul des USA met l'accent sur l'identification des intérêts de son pays à ceux du monde entier (voir encadré ci-dessous), chez certains intellectuels marocains, il y a plus un soupiré de l'homme frustré qu 'une perception analytique de la nouvelle conjoncture internationale. Cela étant, il n'en demeure pas que la conférence organisée par le Consulat des Etats-Unis à Casablanca, en cette soirée du 13 décembre, a eu les résultats escomptés. Contrairement à l'approche officielle des USA, l'universitaire Fatima Ezzahra Azerouil a insisté sur les raisons profondes du terrorisme. Ce dernier, dit-elle, est le fruit des politiques despotiques régnant dans certains pays arabes qui ne tolèrent guère les divergences et affrontent les intellectuels par le terrorisme intellectuel et la liquidation physique, comme cela se manifeste à travers la liquidation physique de l'écrivain Farej Fouda et l'accusation d'apostasie du seul prix Nobel arabe, Najib Mehfoud, en Egypte. A cela s'ajoutent les endurances subies par bon nombre d'intellectuels et d'acteurs connus pour leur esprit libre, tel Hamid Abouzide et Hassan Hanafi en Egypte et le professeur Baghdadi au Koweit. Bref, précise-t-elle, le terrorisme est une donne réelle dans le monde arabo-musulman et constitue une véritable bombe à retardement. Mais derrière ce phénomène, il y a des politiques et des options qui le secrètent et le soutiennent, dont non seulement le despotisme des Etats, mais également et surtout, l'application par les grandes puissances mondiales de la politique de deux poids deux mesures en privilégiant certains pays à d'autres. De son côté, Saâdeddine Outhmani, docteur en psychologie et député et dirigeant du Parti de la justice et du développement, a essayé de décortiquer les principales approches concernant les répercussions des attentats du 11 septembre. Théoriquement parlant, M. Outhmani avait à choisir entre deux options. La première mettant l'accent sur les causes et raisons du terrorisme, la seconde sur les perspectives, étant donné que tout retour aux causes ne fait que justifier le phénomène. Et d'ajouter qu'il épouse la première approche ; et ce alors que les USA sont en faveur de la deuxième. Le terrorisme, avance-t-il, constitue une réaction de colère due au cumul de longues années de frustration. L'orateur s'est, par ailleurs, arrêté sur la dimension culturelle de ce conflit, qui va dans le sens de la thèse de la guerre des civilisations, telle qu'elle a été décrite par Samuel Huntington. Ce qui explique, dit-il, la rapidité de l'intervention américaine en Afghanistan. Et de conclure qu'il est du devoir de tous les pays de contribuer à la confection du nouvel ordre mondial, étant donné leur participation à la lutte contre le terrorisme. Enfin, l'universitaire Mohamed Darif s'est arrêté sur trois conclusions. Les événements du 11 septembre ont mis, pratiquement, fin à la théorie de la sécurité absolue, annoncé le retour de l'Etat et du fanatisme national et balisé le terrain à l'hégémonie d'un discours prônant la mondialisation au détriment des spécificités.