Un mineur et une vieille femme ont été enrôlés par un repris de justice pour cambrioler un publiphone à Casablanca. L'enquête policière est toujours en cours pour tirer cette affaire au clair. «Ils m'ont tout volé, ils m'ont tout volé», répétait Khadija au téléphone tout en sanglotant. Son père qui était à l'autre bout du fil lui demandait de se calmer et de lui expliquer ce qui était arrivé. Mais Khadija ne trouvait pas ses mots. Son père a raccroché et l'a rejointe au publiphone dont il est le propriétaire à Derb Bouchentouf, préfecture de Derb Soltane-El Fida, à Casablanca. C'est sa fille Khadija qui le gérait depuis belle lurette. Mais qu'est-ce qui lui était arrivé ? Une femme, sexagénaire, accompagnée d'un enfant, est arrivée au publiphone. Elle s'est adressée à elle. «Que Dieu te bénisse, je ne sais pas composer le numéro de téléphone», lui a dit la cliente qui lui a remis un bout de papier où un numéro était inscrit. En principe, Khadija n'hésitait pas à servir ses clients. Elle a pris le morceau de papier et s'est dirigée vers l'appareil pour composer le numéro demandé par la femme. Personne ne répondait à l'appel. Elle a refait l'opération à deux autres reprises et toujours rien. Quand Khadija a raccroché et s'est retournée vers la femme pour lui remettre le bout de papier et l'informer que personne ne répondait, elle ne l'avait pas trouvée ni l'enfant non plus. Ils avaient disparu. Où et pourquoi ? Elle n'en savait rien. En jetant un regard vers la devanture vitrée où était exposée la marchandise, elle a remarqué la disparition d'une dizaine de téléphones cellulaires. Elle a même remarqué la disparition de plusieurs cartes de recharge, ainsi que le téléphone portable réservé à la recharge rapide contenant un solde de plus de 20 mille dirhams. Aussitôt, le père et propriétaire du publiphone s'est dépêché pour déposer plainte auprès du procureur du Roi. Ce dernier a donné ses instructions aux éléments de la police judiciaire pour diligenter une enquête permettant de tirer toute cette affaire au clair. Les limiers de Derb Soltane-El Fida sont arrivés au publiphone, ont entendu les déclarations de Khadija, mais n'ont relevé aucune trace pouvant identifier les auteurs du crime. Aussitôt, les enquêteurs ont recouru aux services de l'opérateur téléphonique propriétaire de la marque des cartes de recharge prépayée dérobées. Vérification faite, les enquêteurs sont arrivés à identifier deux personnes dont une femme et les arrêter. Soumise aux interrogatoires, la première a affirmé avoir effectivement reçu une recharge de mille dirhams d'un inconnu qui n'a pas dévoilé son numéro de téléphone au cours de l'opération. Quant à la seconde, elle a précisé qu'effectivement le numéro qui a été reçu et a remis une recharge était celui d'un téléphone cellulaire déclaré en son propre nom, mais qu'elle l'avait revendu à son cousin sans l'avoir jamais utilisé. Le cousin en question a été également interpellé. Ce repris de justice a expliqué aux enquêteurs avoir effectué la recharge rapide de mille dirhams après avoir reçu une recharge de trois mille cinq cents dirhams par SMS qui lui a été transmise par un certain Ayoub. Il s'agit d'un enfant, âgé de quinze ans. Est-il l'enfant qui était en compagnie de la femme sexagénaire? Pour en avoir le cœur net, les enquêteurs ont convoqué la gérante du publiphone. «C'est lui qui était en compagnie de la femme», a-t-elle déclaré quand elle l'a vu à la brigade de police qui se chargeait de l'affaire. Sans hésitation, l'enfant mineur est passé aux aveux. Il a avoué n'être qu'un exécuteur. Il a affirmé avoir été enrôlé avec la femme qui était en sa compagnie, et qu'il n'a jamais connue, pour cambrioler le publiphone. Leur recruteur, un jeune repris de justice, leur a révélé l'astuce effectuée pour le cambriolage sans attirer l'attention de personne et sans usage de la violence. Après quoi, il lui a demandé d'envoyer plusieurs SMS de recharges rapides de différents montants à plusieurs personnes. L'enquête policière a permis l'arrestation de sept mis en cause qui ont été traduits devant la justice. Mais le recruteur et la vieille femme demeurent toujours en fuite.