N'ayant pas pu se mettre d'accord sur, notamment, le déblocage des fonds palestiniens gelés par Israël, le sommet prévu, jeudi 7 juin, entre les deux parties a été reporté à une date ultérieure. Après quarante années d'occupation israélienne, la paix au Proche-Orient n'a toujours pas trouvé son chemin. Le sommet, qui devait réunir, jeudi à Jéricho en Cisjordanie, le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, n'a finalement pas eu lieu. La rencontre, première du genre en territoire palestinien, devait sceller la reprise des discussions entamées sous l'égide des Etats-Unis. Son report est lié aux « difficultés qui sont apparues, lors des préparatifs ». Selon des responsables palestiniens, l'annulation de la rencontre a été décidée en riposte au refus d'Israël de donner suite à la demande palestinienne de récupérer 700 millions de dollars en revenus fiscaux et douaniers. Ces derniers étant été gelés par le gouvernement israélien depuis plusieurs mois déjà. «La préparation de la rencontre nécessite davantage de discussions», a déclaré un conseiller de Mahmoud Abbas, Nabil Amr. C'est ce qu'a confirmé, d'ailleurs, le négociateur palestinien en chef, Saëb Erakat, invoquant le différend entre les deux camps au sujet du transfert des taxes que l'Etat hébreu perçoit au nom des Palestiniens. Et d'ajouter que «la date et le lieu de la rencontre n'ont pas encore été fixés » et que «les préparatifs sont toujours en cours». D'après les responsables palestiniens, Israël refusait également d'accepter une demande palestinienne de raviver le cessez-le-feu rompu dans la Bande de Gaza et d'étendre la trêve à la Cisjordanie. En attendant qu'une date soit fixée pour ce sommet, le Quartette (Etats Unis, Union européenne, Russie, Nations-Unies) a invité les dirigeants israélien et palestinien à une réunion au Caire le 25 juin, a annoncé le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ziad Abou Amr, sans donner plus de détails. En fait, l'annulation du sommet du jeudi planait depuis le début de la semaine. Les discussions entre les deux parties s'annonçaient orageuses. Mardi, M. Abbas avait accusé Israël de vouloir limiter au « strict minimum » l'ordre du jour de sa rencontre prévue avec M.Olmert, précisant qu'il y comptait exposer l'ensemble des griefs palestiniens : la barrière de séparation israélienne, la colonisation, les prisonniers et les fonds palestiniens gelés par Israël. «M. Abbas ne rencontrera pas Olmert tant qu'il n'aura pas répondu aux demandes palestiniennes ou, au moins, à certaines d'entre elles», a tenu à souligner le ministre palestinien des Affaires étrangères. Même son de cloche réitéré par Saëb Erekat : «Nous ne fixons pas de conditions, mais ce sont des points qui doivent être résolus». Du côté israélien, le Premier ministre se dit prêt à rencontrer le président palestinien «à tout moment», a indiqué un représentant des services d'Olmert, insistant sur le fait que le sommet, devant porter pour l'essentiel sur la création d'un Etat palestinien, avait été reporté «à la demande des Palestiniens». Tant que les deux camps ne parviennent pas à trouver un terrain d'entente à propos de l'assouplissement des restrictions de circulation en Cisjordanie et des droits de douane perçus au nom de l'Autorité palestinienne, qu'Israël se refuse à transférer depuis l'arrivée du Hamas au pouvoir, les négociations ne pourront pas avoir lieu. Les services d'Olmert avaient, certes, évoqué une éventuelle restitution des fonds bloqués, mais pas dans leur totalité. Il ne s'agit que d'une somme entre 300 à 400 millions de dollars, le reste ayant été gelé à la demande de la justice, précise-t-on de sources israéliennes. Et de souligner que le transfert devrait se faire via un mécanisme garantissant que le Hamas n'en profitera pas. La partie palestinienne ne veut pas de compromis la-dessus : restitution sans condition de l'intégralité des fonds.