Les ménages marocains auront tendance d'ici 2010 à accorder la priorité à l'équipement, à l'hygiène et aux soins médicaux au détriment des postes classiques comme l'alimentaire. C'est l'objet du dernier rapport du CMC. En 2006, les ménages marocains ont dépensé 330 milliards de dirhams, en accroissement de 4,5% sur les cinq dernières années. Cette masse représente environ 60% du PIB. D'après le Centre marocain de conjoncture qui consacre sa lettre mensuelle du mois d'avril à la «Consommation», la structure du panier de la ménagère sera profondément bouleversée d'ici l'horizon 2010. L'hygiène, l'équipement ménager, le transport et les soins médicaux auront un taux de progression plus important au détriment des postes classiques comme l'alimentaire. «Le Maroc tend de plus en plus vers un changement des habitudes de consommation. Nous nous dirigeons vers le modèle des pays occidentaux», explique l'un des auteurs de ce rapport qui traite exclusivement de ce sujet. Dans les trois ans à venir, la croissance de la consommation par ménage se fera à un rythme de 2%. A travers les différentes enquêtes de consommation réalisées, le Centre constate qu'il y a des transformations tangibles tant au niveau de la nature des biens et services consommés qu'au niveau de la structure des dépenses. Les projections à l'horizon 2010 indiquent que cette tendance semble s'inscrire dans la durée, avec de profonds changements dans la structure des dépenses. Parallélement au changement de ces structures des dépenses, le Maroc entrera de plein pied dans l'ère des mouvements consuméristes. En effet, le mouvement consumériste étant encore récent au Maroc avec un rôle joué par les associations de protection des consommateurs encore modeste, le droit de la consommation, essentiel dans toute société démocratique, est dans ses toutes premières phases de constitution. Mais un projet de loi sur la protection des consommateurs a été néanmoins élaboré visant plusieurs objectifs. L'évolution du taux d'équipement des ménages se fera aussi à un rythme soutenu, dénotant du rehaussement du niveau de vie de la population. En effet, commente le CMC, «il est généralement admis que plus la progression de ce taux est soutenue et plus le degré d'amélioration du niveau de vie est élevé». Au chapitre des suggestions, le CMC souligne que pour relancer durablement la consommation des ménages, il faudrait une politique volontariste visant à améliorer le pouvoir d'achat de ces derniers. Et seule une meilleure répartition de la richesse créée peut tendre vers cet objectif, rappelle le centre. «Promouvoir l'économie de l'offre en développant l'infrastructure économique de base, en oeuvrant pour la promotion des exportations, en favorisant l'intégration spatiale, est certes une condition essentielle afin de jeter les bases d'une économie moderne et dynamique ; mais est-ce pour autant suffisant pour stabiliser la croissance et la pérenniser ?», s'interroge le rapport. Et de poursuivre : «la réponse est négative puisqu'il faudrait accompagner cette politique d'actions d'envergure visant à relancer la demande globale de manière d'une part à réduire les inégalités sociales qui affectent le niveau de vie des ménages, et d'autre part à élargir le marché intérieur, ce qui aurait pour effet d'attirer durablement l'investissement étranger». Bref, le CMC appelle à la mise en place d'une véritable politique des revenus, laquelle fait encore défaut aujourd'hui.