Répondant à Josep Piqué, l'ancien ministre des Affaires étrangères, l'actuel chef de la diplomatie espagnole a indiqué que son gouvernement est plus honnête et plus sérieux en ce qui concerne l'affaire du Sahara que ses prédécesseurs. Qui se rappelle, au Maroc, de Josep Piqué ? À part les spécialistes des relations maroco-espagnoles et certains responsables diplomatiques, personne. En fait, personne ne voudrait d'ailleurs se rappeler de lui puisqu'il s'agit du ministre espagnol des Affaires étrangères ayant causé le plus de torts aux relations entre les deux Royaumes. Il était le bras droit de José Maria Aznar et avait été derrière le déclenchement de la crise diplomatique la plus longue qu'ont connue Rabat et Madrid durant près d'un demi-siècle. Une crise qui a failli dégénérer en conflit militaire lors de l'invasion espagnole de l'îlot marocain Leila. Mais, il s'agit-là de certaines pages des relations bilatérales que presque tout le monde a déjà tournées et que l'on aimerait ne plus feuilleter. Mais, M. Piqué ne veut pas se faire oublier. Il s'accroche. Il veut continuer à parasiter la normalisation entre les deux pays qui a déjà atteint une situation irréversible. Il lui fallait juste trouver l'occasion propice pour le faire. Et, il semble l'avoir, enfin, trouvée. Avec le tournant qu'est en train de connaître le dossier du Sahara marocain, M. Piqué s'est dit que c'était l'occasion ou jamais de reprendre du service. Présidant le groupe de son parti au Sénat, il ne s'occupe plus, depuis plusieurs semaines, que de la question saharienne. Il n'arrête pas d'interpeller le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, chaque semaine sur l'affaire en commençant toujours et systématiquement par accuser le gouvernement Zapatero d'avoir laissé tomber les Sahraouis et «adhéré à la thèse marocaine». Pour lui, il n'y a plus rien sur la scène politique espagnole qui, dans cette Assemblée, vaut le coup d'une question à l'exécutif. Ni la polémique sur les contacts entre le parti nationaliste basque et l'ETA, ni l'affaire de la démission du délégué du gouvernement catalan à Madrid pour propos injurieux à l'encontre de l'ex-président de cette autonomie dont il est d'ailleurs l'un des représentants au Sénat. Bref, rien. Il se fout de tout, le pauvre homme. Lui, ce qu'il veut, et c'est une obsession maladive, c'est parler du Maroc. Mais M. Moratinos, qui commence à être fatigué de redire toujours la même chose à chaque fois qu'il doit intervenir devant le Sénat, a décidé de mettre les points sur les «i» une fois pour toutes. «Le gouvernement n'a pas changé de position, a-t-il dit en s'adressant à l'ex-ministre des Affaires étrangères, mais, par rapport à ses prédécesseurs, il a pris beaucoup plus au sérieux le dossier et s'est engagé avec beaucoup plus d'honnêteté dans la recherche d'une solution diplomatique à ce conflit». Une réponse qui va au-delà de la justification d'une position puisqu'elle met le doigt sur l'origine du mal : la malhonnêteté des deux gouvernements successifs dirigés par José Maria Aznar qui ont, entre autres, retardé la solution du problème.