Le plan d'autonomie suscite beaucoup d'intérêt en Afrique. Les grands pays du continent y trouvent une plate-forme favorable pour la résolution du conflit. Intriguées pendant longtemps par un plan dont elles n'avaient pas connaissance de la totalité du continu, les capitales africaines ont accueilli avec intérêt la proposition marocaine d'autonomie du Sahara. Il n'en est pas jusqu'à l'Afrique du Sud, indéfectible alliée d'Alger dans ce dossier, qui n'a pas marqué le pas : «Nous avons reçu le rapport en question assez tardivement. En principe, c'est à partir de ce vendredi que l'Afrique du Sud commencera à donner son premier feed-back», commente avec toutes les réserves diplomatiques de rigueur, Charles Moeller, chargé d'Affaires de l'ambassade sud-africaine à Rabat. Le choix de la date n'est pas anodin, le gouvernement de Thabo Mbeki voulant d'abord connaître la réaction officielle de l'ONU, attendue aujourd'hui. Traditionnellement peut couvert par la diplomatie marocaine, l'Afrique australe et de l'Est est en plein repositionnement diplomatique sous fond de tensions géopolitiques. Au Zimbabwe, la «révolte » du vieux Robert Mugabe contre l'Occident fragilise fortement le leadership de Pretoria qui doit manœuvrer délicatement pour soutenir son encombrant voisin et d'autre part ne pas se faire aliéner l'Occident. De même, la brouille entre Kigali et Paris met l'ensemble Rwanda-Burundi dans une position assez instable. Ajouter au tableau les rumeurs de rebellions en Centrafrique, la guérilla aux frontières du Tchad et du Soudan, le drame du Darfour et, last but not least, l'expédition éthiopienne (toujours en cours) en Somalie n'est pas assez pour comprendre la complexité du terrain. «Seul, renseigne un fonctionnaire international en poste à Rabat, une diplomatie forte et une campagne de communication de bonne facture est à même d'être efficace en Afrique de l'Est et du Sud». Et d'ajouter que dans cette région du monde, on n'a jamais compris ce problème du Sahara. Toutefois, le retrait Kényan de sa reconnaissance de ce que les Polisariens appellent RASD a jeté d'une part un coup de froid sur l'axe Nairobi-Alger. La diplomatie kényane multiplie depuis les signaux positifs vers Rabat. Idem pour l'Angola qui entretient de bonnes relations avec le Royaume. Plus loin, sur les rives du Congo où les grandes lignes de ce plan d'autonomie ont été exposées, les échos sont positifs aussi bien à Brazzaville qu'à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Ce dernier pays sort d'une longue période de transition durant laquelle des éléments des FAR ont eu un important rôle de stabilisation à jouer. D'une manière générale, dans le camp de l'Afrique francophone, les commentaires sur le plan présenté par le Maroc sont plutôt positifs : «C'est une proposition innovante et courageuse du Maroc qui prévoit d'accorder une large autonomie à son Sahara», déclarait mi-avril, Cheikh Tidiane Gadio, à l'issue d'une audience accordée par le président sénégalais à une délégation ministérielle marocaine venue présenter les grandes lignes de ce projet. «La proposition marocaine permet de rompre avec le surplace ou le pas en avant et un pas en arrière», avait alors ajouté le ministre Sénégalais. Au sein de l'Union africaine, le climat reste favorable au plan d'autonomie marocaine. Le Malien Alpha Omar Konaré, qui préside cette Union, avait déclaré dès l'été dernier lors d'une escale à Paris qu'il faudra tout faire pour que le Maroc réintègre l'ensemble africain. Un «signal voilé» commente le Sénégalais Alpha Diallo, consultant en stratégie de développement. «Les préjugés sont favorables au Maroc. Bien qu'à mon sens, il aurait fallu que les médias africains soient mieux saisis de l'enjeu et de la dimension géopolitique de cette problématique». A voir.