Les Palestiniens ont décidé de donner le nom de «Jacques Chirac » à une rue de Ramallah, une mesure qui a dû à la fois faire plaisir à Chirac mais aussi alourdir son spleen de départ. Aux Urnes Citoyens ! Les Français choisiront ce dimanche leur futur président de la république. Deux enjeux majeurs de ce premier tour: qui des quatre grands candidats favoris par les sondages, Sarkozy, Royal, Bayrou ou Le Pen, se qualifiera au second tour ? Et qui des huit autres multiples petits candidats dépassera le seuil critique des 5%, indispensable pour le remboursement par l'Etat des frais de campagne ? Un enjeu financier majeur. Malgré les doctes certitudes des uns et les affirmations tranchées des autres, jamais élection n'aura été aussi ouverte et ses résultats aussi incertains. Les sondages, photographies instantanées de l'opinion, ont été trop stagnants dans leur hiérarchisation des compétiteurs pour ne pas craindre d'énormes secousses. Nicolas Sarkozy a été trop choyé par les sondeurs pour ne se rappeler la chute libre et inattendue qu'avait vécue son mentor Edouard Balladur lors des présidentielles de 1995. La socialiste Ségolène Royal réussira-t-elle à réunir autour de sa belle personne « le peuple de gauche » qui avait si bien servi son parrain et modèle en politique le cynique François Mitterrand ? François Bayrou, les oreilles tendues et les yeux pétillants d'impatience, parviendra-t-il à convaincre les Français de se laisser emporter par «la tentation du centre» et faire oublier que les symboles mythiques de la pensée centriste comme Simone Veil et Valery Giscard d'Estaing l'ont abandonné en rase campagne? Et Jean-Marie Le Pen, dévergondé par des cris d'amour insolites, réussira-t-il à transformer l'essai de 2002 qui l'avait vu fouler subrepticement le portillon de l'Elysée ? Tout cela vous le saurez dans le premier épisode de ces présidentielles 2007 mondialement programmé à 18 GMT dimanche prochain. Adieux arabes à Chirac. Pendant que la campagne fait rage, l'Elysée et son locataire Jacques Chirac faisaient leurs cartons. Le président français empaquetait les souvenirs de quarante ans de vie politique entre deux embrassades émues chaleureusement transmises par ses visiteurs arabes. Il y eut d'abord le roi de Jordanie Abdallah II, ensuite le président égyptien Hosni Moubarak et enfin le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Tous les trois ont exprimé reconnaissance et gratitude à celui qu'ils considèrent comme l'ami des Arabes. Les Palestiniens ont décidé de donner le nom de «Jacques Chirac » à une rue de Ramallah, une mesure qui a dû à la fois faire plaisir à Chirac mais aussi alourdir son spleen de départ. Par trois temps forts, Chirac incarne aux yeux de l'opinion arabe un dirigeant courageux. D'abord avec son célèbre « Do you want me to go back to my plane ? » lancé rageusement aux Israéliens dans la vieille ville de Jérusalem et puis par sa position ferme contre la guerre américaine contre l'Irak et enfin son dévouement jusqu'aux derniers instants de sa vie au président Yasser Arafat, quand le monde entier l'avait abandonné aux griffes d'Ariel Sharon. Virginia Tech. Tout occupé à faire ses valises, Jacques Chirac a trouvé le temps d'envoyer un télégramme de condoléances aux Américains pour le «drame domestique» qu'ils viennent de vivre. Un carnage aux retentissements planétaires. Un fait-divers global. Un «onze septembre» d'essence intérieure. Telle a été l'impression laissée par la folie meurtrière de l'étudiant d'origine sud-coréenne Cho Seung-Hui qui avait froidement tué trente-deux personnes avant de se donner la mort au sein du campus de Virginia Tech. Une très mauvaise nouvelle pour le président Bush qui n'en manque pas en ce moment en provenance du front irakien. Après s'être longuement interrogée sur la gestion policière discutable de ce drame avec un manifeste retard à l'allumage, la presse américaine a tout de suite remis au cœur du débat la facilité avec laquelle les Américains peuvent se procurer des armes. La « National Rifle Association » (NRA) puissant lobby des vendeurs d'armes à Washington a été encore une fois désignée à la vindicte publique. Et le président Bush avait beau jeu de décliner son émotion devant ce massacre, il entretient avec la NRA d'indéfectibles et coupables attaches. Par ailleurs, il est fort à parier que, pendant les longs moments où les Américains s'interrogeaient sur l'identité du tueur, les Arabes américains priaient intensément Dieu qu'il ne soit pas un des leurs. Ils craignaient, à juste titre, que la vague «d'arabophobie» n'atteigne un niveau d'extase infernale.