Après l'huile de table enrichie en vitamine A et D3, la farine de blé enrichie en fer commence à envahir le marché national. Cette fortification des aliments a pour objectif de prévenir les carences. Après le sel enrichi en iode, l'huile de table en vitamine A et D3, la farine de blé enrichie en fer commence à envahir le marché national. Une vaste campagne nationale de sensibilisation des professionnels et du grand public autour des bienfaits de la farine enrichie en ce sel minéral pour prévenir les anémies est menée actuellement par le ministère de la Santé, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance et l'éducation (UNICEF), l'Alliance mondiale pour l'amélioration de la nutrition (GAIN) et la Banque mondiale. Aussi, depuis plusieurs jours, peut-on voir à la télévision un spot mettant en scène la mascotte de la campagne, le petit sac vert «Siha wa salama», expliquer les bienfaits de la farine de blé enrichie en fer. Cette opération s'inscrit dans le cadre du programme national de lutte contre les troubles dus aux carences en micronutriments, initié par le ministère depuis l'an 2000. «Des études réalisées ces dernières années ont démontré une forte prévalence de l'anémie carentielle chez les enfants d'âge préscolaire, chez les femmes enceintes et celles en âge de procréer. Pour pallier à ce problème, le ministère a mis en place ce programme. La stratégie du gouvernement inclut la fortification des aliments de large consommation», explique Moustafa Mahfoudi, responsable du programme de lutte contre les carences en micronutriments. En effet, les carences en micronutriments représentent un problème majeur de santé publique au Maroc. Irréversibles et parfois mortelles, ces carences perturbent le développement normal des capacités intellectuelles et psychomotrices des enfants et des adultes. Elles favorisent l'apparition de nombreuses maladies comme l'anémie, le goitre…. Les femmes et les enfants sont les principales victimes de cette forme de malnutrition, qui sévit encore au Maroc tant en milieu rural qu'en milieu urbain. En outre, les pertes économiques engendrées sont lourdes et se chiffrent par milliards. En effet, les coûts de santé et la perte de productivité liés aux carences représentent 5 % du PIB (Produit intérieur brut). La carence en fer à elle seule occasionne une perte de plus de 2 milliards de dirhams par an. Face à ce bilan lourd de conséquences sur la santé et l'économie du pays, le ministère de la Santé avec ses partenaires internationaux a mis en place ce programme de prévention qui est décliné en plusieurs axes. Le plus important volet de cette stratégie est la fortification des aliments de large consommation, qui a bénéficié d'un don de 3 millions dollars de la Fondation Bill & Melinda Gates. Pour garantir sa réussite, le ministère a mobilisé les secteurs public et privé pour faire asseoir les fondements techniques et scientifiques ainsi que réglementaires pour la production et la commercialisation de ces produits enrichis. Concernant l'enrichissement de la farine en fer, une commission tripartite, composée des représentants de la Fédération nationale des minoteries, des ministères de l'Agriculture et de la Santé, a été créée pour étudier les dossiers techniques des minoteries. Car la fortification de la farine en fer est actuellement volontaire. Toutefois, après l'entrée en vigueur de la réglementation régissant la fortification des aliments de base en mi-mai 2007, elle sera obligatoire. Jusqu'à aujourd'hui, 44 minoteries sur 100 produisent de la farine fortifiée en fer à travers le Royaume. «Les minotiers qui ont décidé l'installation de machines destinées à fortifier leur farine obtiennent en contrepartie un label Siha Wa Salama qui, collé à un produit alimentaire enrichi, signifie une garantie du ministère de la Santé. Ils bénéficient également d'une réduction de la taxe douanière sur le mélange Premix (fer, vitamines B1, B2, PP et acide folique) utilisé pour la fortification de la farine. Ils bénéficient également d'un accompagnement en matière de communication», souligne M. Mahfoudi. Pour garantir à long terme la réussite de la stratégie de la fortification, un système de suivi et d'évaluation sur la production, la distribution et le contrôle-qualité du produit fortifié est prévu au programme.