Les Mauritaniens étaient appelés, hier dimanche 11 mars, aux urnes pour élire leur président. Un scrutin ouvert mettant fin à la transition vers la démocratie promise par les militaires. L'élection présidentielle organisée hier, dimanche 11 mars, en Mauritanie, point d'orgue de la démocratisation politique promise par les militaires, s'annonce très serrée. Dix-neuf postulants pour un peuple d'un million d'inscrits et pas de sortant en lice ; le pouvoir militaire de transition proclame la neutralité. Cela ne veut pas dire que les candidats sont tous des débutants. Parmi les favoris, Ahmed Ould Daddah, 65 ans, un vieux routier de l'opposition, dont le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) a engrangé de bons résultats aux élections parlementaires de l'an dernier. Frère du premier et mythique président de la Mauritanie, Ahmed Ould Daddah, est un ancien ministre des Finances qui s'est déjà présenté deux fois, en vain, aux élections présidentielles. La troisième pourrait être la bonne. Ancien gouverneur de la Banque centrale, il s'est exilé lorsque son demi-frère Mokhtar, président depuis l'indépendance en 1960, a été renversé par un coup d'Etat en 1978. Revenu ensuite dans le pays, il a été un moment emprisonné sous le régime de Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, lui-même renversé par le putsch de 2005. «Je ne suis pas neuf en matière d'âge, mais je suis neuf en matière de méthodes, en matière d'organisation, en matière de moralité et en matière de capacité de diriger avec fermeté en respectant la loi», déclare Ahmed Ould Daddah. Le principal concurrent d'Ould Daddah est de quatre ans son aîné: Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Figure bien connue de l'élite politique du pays, Ould Cheikh Abdallahi était plusieurs fois ministre sous la présidence Taha. Il avait aussi travaillé à l'étranger comme conseiller du fonds koweïtien pour le développement arabe. Ses opposants l'accusent toutefois d'être le candidat des militaires. Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi s'en défend tout en assistant sur l'acquis de cette période transitoire : «je pense que ce qui vient de se passer est plein d'enseignement pour nous. Il signifie que les Mauritaniens ont besoin de plus de liberté. Il signifie que les jeux politiques peuvent se faire dans le calme et dans la paix». Ce scrutin a eu lieu dans les 2.336 bureaux de vote répartis à travers 13 wilayas sous la supervision d'observateurs européens et autres représentants d'organisations internationales notamment l'Union africaine, l'Organisation internationale de la francophonie, l'Organisation de la conférence islamique en plus de 400 autres observateurs nationaux de l'Observatoire national de surveillance des élections, une instance indépendante créée par la société civile mauritanienne. Ces élections ont aussi été supervisées par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Le président de la CENI, Cheikh Sid'Ahmed Ould Babamine, avait affirmé, vendredi 9 mars, que les préparatifs vont bon train pour l'organisation des élections présidentielles mauritaniennes dans «les meilleures conditions ». Ould Vall part avec le sentiment du devoir accompli Le président sortant mauritanien, Ely Ould Mohamed Vall, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2005 avant d'entamer une transition démocratique qui s'achève avec la présidentielle de dimanche, a déclaré qu'il quittait le pouvoir «avec le sentiment du devoir accompli». «Nous sommes venus au pouvoir pour des raisons précises. Nous avons accompli une mission. Nous quittons le pouvoir après cette mission avec le sentiment du devoir accompli», a-t-il déclaré à la presse après avoir voté pour le premier tour du scrutin dans un bâtiment administratif situé non loin de la présidence à Nouakchott. Au pouvoir depuis le coup d'Etat militaire d'août 2005, le colonel Vall et les autres membres de la junte se sont engagés à rester neutres et à ne pas se présenter aux différentes élections ponctuant le processus de restitution du pouvoir aux civils.