Deux personnes auraient trouvé la mort et une dizaine d'autres blessées par balles, suite aux violentes émeutes qui se sont déclarées à Khenchela. L'histoire serait-elle en train de se répéter ? La question émane du quotidien «Le Soir d'Algérie» qui a exprimé, le jeudi 8 mars en troisième page, son inquiétude de voir se répéter le précédent de Béni- Douala, qui avait entraîné la Kabylie dans une spirale infernale de violence et ouvert une nouvelle ère de contestation sociopolitique et identitaire. Jusqu'en l'an 2000, la population n'avait à choisir qu'entre deux maux: la terreur du pouvoir et celle des islamistes, les deux se partageant les rôles pour semer la mort et étouffer toute protestation. Au plan socio-économique, les seules perspectives avancées par le régime, par le syndicat unique et par les partis politiques, étaient de s'entendre avec l'un ou l'autre des camps: les conciliateurs avec les islamistes et les éradicateurs avec les militaires. Les deux camps prétendaient, néanmoins, qu'hors ces deux voix, toute lutte sociale ou toute quête identitaire étaient impossibles. Le 18 avril 2001, les émeutes de Béni-Douala s'étaient étendues comme une traînée de poudre à l'ensemble de la Kabylie, faisant plus de 132 morts et des milliers de blessés et laissant le souvenir d'un printemps noir qui a démontré l'inanité des thèses officielles et donné consistance à une opposition dont l'action et les effets demeurent vivaces jusqu'à nos jours. La question posée par «Le Soir d'Algérie» est donc d'autant plus pertinente et fondée que nombre de similitudes existent entre les évènements de Béni-Douala et ceux qui viennent d'ensanglanter la wilaya de Kenchela que d'aucuns appellent la porte des Aurès, faisant deux morts et des dizaines de blessés. A l'origine de ces derniers soubressauts : la mort par balles, dans la nuit de mardi à mercredi, d'un habitant de Kaïs, pris pour cible par des gendarmes en faction dans un barrage routier. Réponse du berger à la bergère : les habitants de cette localité se sont attaqués à tous les uniformes verts qu'ils rencontraient, et ce après avoir barricadé la route nationale à l'aide de troncs d'arbre et autres pneus en flammes afin d'empêcher ou du moins retarder, autant que faire se peut, toute arrivée de renforts. Pris en tenailles, les gendarmes ont répliqué en ouvrant le feu sur tout ce qui bougeait. D'un côté, il y avait les émeutiers, la colère chevillée au corps et armés de pierres et de l'autre les brigades antiémeute qui ne faisaient pas de quartiers et qui avaient ostensiblement choisi de gérer la colère par une stratégie de terreur. Entre les deux, une haine tenace et le risque de voir la Kabylie s'embraser de nouveau.